jeudi 2 octobre 2008

Garantie des dépôts par l'Etat irlandais


Le principal sujet de discussion en Irlande en ce moment est, sans surprise, la situation des entreprises du secteur financier. Le pays a en effet des activités financières très développées, ainsi que des taux d’endettement des ménages élevés. La décision du gouvernement irlandais de garantir tous les dépôts dans les six principales banques du pays pendant deux ans a donc suscité de nombreuses réactions, sauf sur Liberaux.org !

Pour commencer par souligner les quelques points positifs, les banques irlandaises devraient retrouver un accès relativement aisé au marché interbancaire grâce à cette protection qui rassurera les investisseurs. Deuxième point à souligner, tous les intervenants rappellent que c'est de l' "argent des contribuables qu'il s'agit", et non d'une rosée fécondante comme l'exprimait Bastiat. De quoi calmer les vélléités dépensières. Enfin, les banques doivent payer une taxe supplémentaire pour bénéficier de cette protection. Autrement formulé, l'aléa moral tant craint par les libéraux devrait être théoriquement limité.

Las, ces avantages ne tiennent pas longtemps, là où les problèmes posés par cette mesure sont eux sérieux. Pour revenir sur l'aléa moral, on peut douter qu'une taxe supplémentaire, qui s'annonce modeste, compte pour grand chose dans la balance face à une faillite évitée. Et l'on ne peut s'empêcher de tracer un parallèle entre cette "protection" des six banques et un système quasi mafieux. Si l'on considère que l'Etat irlandais ne risque pas de faire faillite, six banques obtiennent ainsi un avantage important dans le contexte actuel. Au lieu d'aller vers les banques les plus sures et les mieux gérées, les liquidités iront vers les mieux "protégées" par un parrain puissant. On est proche de la course à l'abîme protectionniste des années 1930. Et cette course vers le gouffre a été relancée en Europe : L'Allemagne a pris une mesure similaire en garantissant jusqu'à 500 milliards € de dépôts. Peu après, l'Autriche a annoncé vouloir faire de même pour éviter une fuite de son épargne vers l'Allemagne. Et Wilhelm Molterer, ministre des finances de déclarer :
Du point de vue de l'Autriche, cela ne correspond pas à une réelle nécessité, nos banques sont bien positionnées. Mais je proposerai que nous relevions également la garantie des dépôts pour éviter que l'épargne autrichienne ne soit retirée et transférée vers l'Allemagne
Si de telles mesures devaient continuer à être prise, le secteur financier étant jugé vital à l'économie, c'est donc au moins à l'échelon européen qu'elles auraient une raison d'être. La commissaire européenne à la concurrence, Nelly Kroes, a eu raison de demander des éclaircissements, elle aurait surtout du être encore plus sévère. Quant à Nicolas Sarkozy, plus mauvais encore que d'habitude, il s'est gardé de toute critique pour essayer de sauver la signature irlandaise du traité européen...

Mais toutes ces réflexions restent bien éloignées de la réalité, tant qu'on oublie que le roi est nu. En Irlande et plus encore en France. Si les banques irlandaises devaient faire faillite, l'Etat serait bien incapable de les renflouer, alors qu'il garantit des montants égaux à plus de deux fois le PIB du pays... Même le très peu libéral journal Le Monde le reconnaît..

Pour conclure sur une note positive, le pays continue à attirer les entreprises étrangères en tout cas. Dernier venu, Facebook! L’entreprise américaine a choisi d’installer son siège européen à Dublin jeudi dernier (article).

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