mardi 27 octobre 2009

Le prix Wikibéral décerné à Philippe Nemo

C'est la saison des prix littéraires. Parmi eux, le prix Wikibéral récompense chaque année le meilleur ouvrage sur le libéralisme. Cette année, c'est le philosophe Philippe Nemo qui a reçu le prix Wikibéral pour son livre Les Deux républiques françaises (PUF). Le prix lui a été décerné officiellement par les membres de l'association Liberaux.org samedi 17 octobre 2009, en présence d'Alain Laurent et de Bertrand Lemennicier. En l'honneur du lauréat, ont été publiés des Mélanges (420 pages, ISBN 9782810604487) qui recensent l'ensemble des livres sélectionnés et proposent des pistes pour prolonger la réflexion de l'auteur. Ils sont également disponibles gratuitement sur internet, http://www.wikiberal.org/w/images/8/86/M%C3%A9langes_en_l%27honneur_des_deux_r%C3%A9publiques_fran%C3%A7aises.pdf

Philippe Nemo, normalien, est professeur de sciences sociales et politiques à l'ESCP-EAP. Il a écrit une Histoire des idées politiques dans l'Antiquité et au Moyen Âge (PUF, Prix Koenigswarter de l'Académie des sciences morales et politiques), une Histoire des idées politiques aux temps modernes et contemporains (PUF, Prix du livre libéral), une Histoire du libéralisme en Europe (PUF) ainsi que plusieurs ouvrages sur l'éducation (Pourquoi ont-ils tué Jules Ferry ? ou Le chaos pédagogique).

Dans Les Deux républiques françaises, Philippe Nemo distingue deux courants, continus en France depuis la Révolution, qui s’opposent et qui se disputent la légitimité de l’appellation « républicain » ainsi que la légitimité de l’héritage de la Révolution. Le premier, « 1789 », correspond à ceux qui sont restés attachés au contenu de la Déclaration Des Droits De L’Homme Et Du Citoyen de 1789 et au respect de l’expression du suffrage du peuple. Le second, « 1793 », héritier du jacobinisme, est dirigiste, ne rechigne pas à l’usage de la force, ne respecte guère le vote populaire, et use volontiers des organes de l’Etat pour imposer une vision unique de sa mission, mais aussi pour promouvoir une espèce de religion millénariste sans dieu, le laïcisme. De cette dualité et de la victoire de « 1793 » découle la particularité de la situation française aujourd'hui.

L'association liberaux.org, qui décerne le prix Wikibéral, est une association loi 1901, qui cherche à promouvoir la pensée libérale sur tout type de support. Elle est à l'origine d'un forum éponyme, d'une encyclopédie en ligne, Wikibéral, d'une librairie en ligne, Librairal, d'un webzine, Contrepoints, et d'un site d'analyses, Catallaxia.

lundi 22 juin 2009

Pétition pour une relance durable


Les questions de gestion efficace de l'argent public sont essentielles alors que la croissance économique est à la traine depuis trente ans et que les déficits et la dette publique atteignent des niveaux historiques et inquiétants.

De nombreux experts en économie partagent ces inquiétudes et rappellent que ce sont les français qui payeront l'addition de la relance. Pour le montrer, ils ont signé une pétition pour une relance durable (http://www.relancedurable.fr) par la baisse des dépenses publiques et des impôts. Parmi eux, Pascal Salin, Henri Lepage, Jörg-Guido Hülsmann, Jean-Pierre Centi, Mathieu Laine, Bertrand Lemennicier, Pierre Garello, Serge Schweitzer, Jean-Marc Daniel et bien d'autres.

Pour diffuser ces idées et, en particulier, cette pétition, nous avons besoin de vous! Comme toute personne soucieuse de la gestion de l'argent public, vous pouvez signer la pétition. Comme blogueur, vous pouvez publier un article, même rapide, relayant cette information. Le site de la pétition pour une relance durable reprendra tous ces articles avec les liens vers les blogs concernés. Envoyez votre lien à collectif@relancedurable.fr dès qu'il est en ligne!

La meilleure presse du monde

La mort de Maurice Jarre avait illustré la qualité discutable de la presse mondiale quand de nombreux journaux de premier plan avaient repris sans aucune vérification une "citation" inventée du compositeur, insérée dans Wikipédia, sans la moindre référence ou source, par un étudiant irlandais.

Les dernières bévues de grands médias sont tout aussi inquiétantes. La télévision colombienne PAT ou la radio néerlandaise NBR ont diffusé des images du vol AF447 d'Air France avant sa disparition dans l'Atlantique entre Rio de Janeiro et Paris. Ces images de scoop étaient des images ... de Lost, la série télévisée, qui débute justement par un krach aérien. Le pire étant que la source de cette erreur, considérée comme une source valable donc, était une chaine de mails qui faisait tourner ces photos en expliquant que l'appareil photo avait été retrouvé par la marine brésilienne. Une chaine de messages par mail considérée comme une source d'infos fiable par des "journalistes"...



Plus à lire sur Slate; le journal ne dit pas si des wikipédiens s'y sont laissés prendre et ont intégré cela dans l'article qui existe surement sur le site. Mais, il y a fort à parier que le système ouvert wikipédien aurait été plus réactif que le système figé de la presse grand public pour dissiper le canular.

Edit: le même Slate de confirmer dans un autre article la profondeur de l'analyse de la presse : "Le site de la présidence de la République a pensé aux journalistes et aux lecteurs pressés: les passages clés du discours sont surlignés en gras, permettant un survol du texte en quelques minutes." En général, ils n'écoutent/lisent pas en entier?

Edit 2: le titre fait référence à un post de H16

mardi 9 juin 2009

Les résultats d'Alternative Libérale

Échange peu courtois ce soir avec Sabine Herold sur son blog. En cause, un message de fin de campagne à la limite du triomphalisme alors que les listes présentées par Alternative Libérale ne dépassent pas les 0,2% des voix. Même l'optimisme à toute épreuve de Louis-Marie Bachelot ne prend pas vraiment alors que Sabine tente de faire oublier les résultats par un recours au conseil d'État...

Premier message de ma part ce soir sur le blog de la présidente d'AL:
Commentaire par Lexington on 9 juin 2009 22:22

C’est bien beau de vouloir aller au Conseil d’État pour une affaire qui aurait changé au mieux quelques dizaines de voix. Ce serait mieux de tirer les leçons d’un nouvel échec. On ne gagne pas une élection avec des passages médias et il serait temps de faire œuvre de pédagogie, de militer sur le terrain. AL n’a nullement gagné une “stature nationale” par des débats télévisés mais se ridiculise plutôt quand on voit le fossé avec des résultats inférieurs à 0,5%… De même, on ne construit pas un parti en s’aliénant immédiatement sa base idéologique par une chasse aux voix au centre gauche vouée à l’échec actuellement. Si l’objectif est d’assurer la notoriété de Sabine, alors là par contre l’objectif est atteint mais qu’on ne me parle pas de libéralisme dans ce cas.

Réponse toute en charme et en élégance de l'intéressée :
Commentaire par Sabine Herold on 9 juin 2009 22:47

C’est quoi ce commentaire de naze ?

Militer sur le terrain ? On n’y avait pas pensé peut-être ? Sais-tu que nos candidats ont arpenté leurs circonscriptions ? A Paris, plus de 30 tractages ont été organisés, des équipes de collages se sont relayées pour coller un maximum d’affiches. En région les candidats ont fait de nombreuses réunions publiques. Alors avant de lancer ton venin et d’insulter nos candidats, renseigne-toi ! Si tu étais sur le terrain, tu aurais vu qu’AL était très présente dans cette campagne…mais forcément, c’est mieux d’appeler au travail de terrain en restant terré derrière son écran.

Et oui, les médias sont essentiels ! C’est juste tellement évident…Le problème de nos idées c’est avant tout leur manque de notoriété. Après chaque passage médias, nous voyons les stats de nos sites et de recherches google qui s’envolent, nous recevons de nombreux mails de personnes souhaitant se renseigner sur nos idées. Grâce aux passages médias nous faisons connaître nos idées. Alors oui, il faut multiplier les passages médias, c’est une absolue nécessité

Quant à la chasse aux voix de gauche, elle est uniquement dans tes rêves. Ce sont les voix des amis de la liberté que nous gagnons. Et dois-je te rappeler nos thèmes de campagne ? La dette, la lutte contre les monopoles, le protectionnisme et la défenses des libertés individuelles contre un Etat Nounou, je ne vois pas en quoi cela nous aliénerait une supposée base ! Il faut arrêter les délires.

Ta haine dt’aveugle. Tu es incapable de voir la réalité : avec cette belle campagne, AL a fait un travail incroyable pour les idées libérales.

Nos 108 candidats ont été formidables, d’un courage et d’un engagement sans faille. Ils sont plein d’énergie pour continuer. Dans l’Ouest ils pensent déjà aux régionales !

Alors pitié, stop aux critiques irréfléchies et haineuses…

Suivi d'un dernier message de ma part :
Commentaire par Lexington on 10 juin 2009 00:02

“Si tu étais sur le terrain, tu aurais vu qu’AL était très présente dans cette campagne…mais forcément, c’est mieux d’appeler au travail de terrain en restant terré derrière son écran.”

Ah, pas de surprise, l’argument standard. Il y a d’autres engagements que la politique, et probablement plus efficaces. La production d’idées au lieu de la consommation. J’ai le plaisir de contribuer à des sites bien plus fréquentés que celui d’AL, comme Wikibéral, Catallaxia, Librairal ou Contrepoints

Pour être passée par Liberté Chérie, Sabine ne peut pas ignorer le rôle essentiel de ceux qui produisent les idées et de ceux qui les font passer dans le débat public, ces second hand dealers in ideas. Je ne vois pas comment elle peut sérieusement croire qu'un parti peut avoir une influence sur la diffusion d'idées quand l'opinion n'y a pas été préparée au préalable. (D'ailleurs, si un lecteur a accessible la thèse de Sébastien Caré, je suis intéressé...) Les chiffres ne laissent d'ailleurs pas grand espoir à Sabine quand on regarde par exemple Alexa, la référence de la mesure d'audience sur le net. Alternative-Libérale se traine dans les environs du rang 1 million, alors que Wikibéral est environ 165.000 et Liberaux.org 195.000.

En outre, comment espérer grand chose de la création d'un parti ex nihilo? L'action politique qui peut réussir actuellement, pour être élu, passe par l'intégration à un grand parti. AL se maintient dans la marginalité par son indépendance forcenée vis-à-vis du centre droit et ne profite même pas de cette marginalité pour défendre un programme libéral radical. Un comportement incompréhensible, sauf à considérer que l'unique but d'AL est de faire la pub du couple Fillias/Herold. Je m'arrête là sur ce point pour ne pas être désagréable sur les motivations supposées de Mlle Thatcher épouse Fillias.

Précision : j'ai voté malgré tout pour AL, je dois être l'idiot utile du libéralisme à la violette.

jeudi 4 juin 2009

Etalon-or et free banking (2)

Après Pierre-Antoine Delhommais en mai, c'est au tour de Philippe Simonnot d'évoquer des alternatives au système des banques centrales dans Le Monde. A lire ici.

vendredi 22 mai 2009

Free banking

La qualité des articles de Pierre-Antoine Delhommais dans Le Monde n'a d'égale que la nullité crasse des commentaires de lecteurs qui, manifestement, lisent avec des verres déformants et étalent avec volupté leur ignorance.

Dans l'édition du 9 mai, le successeur d'Eric le Boucher à la rédaction économie du journal publie une chronique économique de très bonne facture sur le les banques centrales et le Free Banking, "Le martyre des banques centrales". Delhommais y rappelle la responsabilité lourde des banquiers centraux dans l'inflation de crédits qui a entrainé la crise actuelle. La mise au point est utile en France où grand public comme commentateurs semblent voir l'épiphénomène (l'inflation des prêts accordés par les banquiers) et non la cause (le laxisme monétaire des banques centrales). Delhommais écrit ainsi : "Alan Greenspan, dieu monétaire déchu, qui devra s'expliquer sur sa politique de taux très bas et d'argent quasiment gratuit ayant conduit à cette débauche mortelle de crédits."

Le discours est plaisant à entendre pour un libéral, même s'il fait l'impasse sur les défaillances du marché (système de bonus inadapté ou trop grande lâcheté dans le respect des critères de solvabilité des emprunteurs). D'autant plus que l'auteur mentionne avec une certaine sympathie les théories du Free Banking. Le chroniqueur reste bien léger sur la possibilité d'une mise en place pratique d'un tel système actuellement mais une mise en place est-elle vraiment envisageable? Dans une perspective d'utopie hayékienne, cela reste malgré tout intéressant.

Deux morceaux choisis des réactions pour finir :
Les banquiers veulent s'enrichir et peuvent prendre des risques supportés par les états. Après tout, dans un système libéral, l'enrichissement et la cupidité ne sont pas sanctionnables. Le sachant, les BCE auraient dû surveiller leurs banques, tout commes les administrations surveillent sévèrement les compagnies aériennes, leurs avions et leurs équipages. Nos gouvernements qui n'ont pas voulu déplaire aux banques en les surveillant ont commis la plus lourde erreur.

Moi qui croyait que la finance était l'un des secteurs les plus réglementés, avec plus de 12.000 personnes payés à cela aux États-Unis... Je me reposerai sur cet article (très discutable sur l'éloge systématique de la finance au demeurant) : Lire la crise actuelle comme le symbole des ravages du libéralisme sauvage n'est ni pertinent ni utile. C'est plutôt sur l'échec des régulateurs à créer des infrastructures adaptées à l'innovation financière qu'il faut s'interroger. [..] Par exemple, dans les établissements financiers, il faudrait que la fonction de contrôle des risques ne reporte pas à la direction générale, mais directement au conseil d'administration, et la doter de pouvoirs d'investigation pour faire remonter l'information. C'est de ce genre de mesure technique qu'on peut attendre un progrès tangible de la technologie de gouvernance des organismes financiers.

Autre extrait :
"la crise des subprimes risque bien d'apparaître, le jour du verdict, comme la conséquence du grand fiasco des politiques monétaires." Vous arrivez bien tard Jeune Homme...pour dire cela après avoir défendu longtemps et ardemment ce que maintenant vous portez au bûcher...-)))
S'il y en a un qui a condamné la politique monétaire restrictive de la BCE, ce n'est pas Delhommais mais... Sarkozy.

samedi 9 mai 2009

Wikipédia bashing

Tout est bon à certains pour du Wikipédia bashing. Le dernier exemple de la falsification de la page de Maurice Jarre l'illustre bien.

Revenons tout d'abord sur l'histoire; Shane Fitzgerald, étudiant en sociologie et en économie à University College Dublin, se livre à une petite expérience sur l'utilisation par les journalistes de Wikipédia. Il profite de la mort de Maurice Jarre, le compositeur de musiques de film, pour insérer une fausse citation de l'intéressé sur la page. Il insère les lignes suivantes :
One could say my life itself has been one long soundtrack. Music was my life, music brought me to life, and music is how I will be remembered long after I leave this life. When I die there will be a final waltz playing in my head and that only I can hear.

Aucune source invoquée, aucune référence, rien. Et il attend. Attend de voir qui va reprendre ces lignes complètement inventées. Le résultat sera à la hauteur de ses attentes : de très nombreux journaux de premier plan reprennent sa "citation" sans la moindre vérification : The Guardian, The Independent, The Daily Mail, la BBC et d'autres journaux de premier plan à travers le monde, en Australie et ailleurs. Shane Fitzgerald en tire une conclusion, les journalistes ne vérifient pas leurs sources, les anti-Wikipédia une autre, Wikipédia a un effet néfaste.

Cependant, les faits sont loin d'être aussi simples. Tout d'abord, concernant l'ajout initial de la citation, l'auteur du canular passe rapidement sur les difficultés qu'il a rencontré pour insérer la citation : une étude plus détaillée montre ainsi qu'il ajoute sa citation une première fois le 30 mars à 2:29 du matin. Malgré l'heure, un contributeur rajoute deux minutes plus tard, à 2:31, une demande de références : "This section needs additional citations for verification". A 11:51, la citation est entièrement retirée par un autre participant. Dès lors, à 14:13, l'auteur du canular frappe encore en la réintroduisant. Le lendemain à 15:07, elle est à nouveau retirée, au motif de l'absence de sources. L'auteur du canular, à 17:03, revient à la charge. La citation reste en ligne six minutes. Ce fut la dernière tentative. Autrement dit, la citation a été systématiquement retirée, avant même que l'affaire soit connue dans les médias, restant au maximum 24 heures en ligne. Voilà pour la facilité à insérer une citation, qui pourtant semblait plausible, sans sources, sur Wikipédia. On remarquera en outre que le fâcheux n'en était pas à son premier vandalisme, agrémentant des articles d'ajouts aussi intelligents que "blessington is the coolesat town ever their soccer team is the best(u12)!!!!!!" et autres passages farfelus.

Même si l'on peut regretter que la réaction des participants à Wikipédia n'aie pas été plus rapide, elle a été globalement satisfaisante pour un système reposant sur la publication libre. Dans le même temps, on observera que les ajouts faits librement par des dizaines d'intervenants ont permis une amélioration sensible de la page, l'"effet vautour". Attaquer Wikipédia sur cette histoire, comme le fait évidemment Alithia, est plus la marque d'une haine obsessionnelle que d'une réflexion poussée. En passant, l'auteur du blog concernée nous montre bien qu'elle voit la paille sans regarder la poutre, comme en témoigne cette erreur factuelle dans son billet : "En effet dans ce cas, l'erreur, -qui n'est que factuelle-, relevant de la désinformation -en l'occurrence une fausse citation- et non de l'interprétation plus subtile, l'erreur donc n'a été relevée que parce que l'étudiant auteur du test de fiabilité a lui-même averti les journaux qui avaient fait confiance à wikipedia, de ce que la citation était fausse ". Pourtant, l'historique de l'article est visible par tous et, si elle avait fait un effort minimal, elle aurait réalisé qu'elle racontait n'importe quoi.

Si la critique de Wikipédia, dans cette histoire s'entend, n'est pas adaptée, qu'en est-il de celle des journalistes? La faute parait plus grave dans ce cas, à plus d'un titre. D'une part, aller chercher ses informations sur le premier site sorti de Google et les reprendre sans la moindre vérification est à l'opposé des principes élémentaires de la profession. On peut également s'étonner, avec un certain cynisme, de l'absence d'un éloge funèbre préécrit, qui aurait évité de devoir faire à chaud ces éloges brouillons... Le pire est probablement dans la façon dont l'événement est ensuite rapporté : l'Irish Times ne vérifie même pas ce que l'auteur de cette manipulation écrit et ne mentionne même pas le combat qu'il a du mener pour introduire sa citation sur Wikipédia. Le Point n'est même pas capable d'écrire correctement The Independent (a à la place du e...). En outre, on regretterait presque l'absence de journaux non anglophones dans la liste de ceux qui se sont laissé piéger, si on estime qu'elle montre qu'aller chercher des informations dans une langue étrangère n'est fait par personne...

Les journalistes contemporains ont cependant quelques excuses : d'une part, si l'affaire a pris une telle ampleur, c'est en partie en raison de la circulation plus rapide des informations grâce aux NTIC. Il y a fort à parier que la majorité des journalistes ne faisaient pas mieux il y a quelques dizaines d'années ou quelques siècles. Mais, seuls un ou deux auraient eu accès au même document et auraient pu être affectés... En outre, on imagine mal que le journaliste chargé dans un journal des éloges funèbres soit vraiment l'un des meilleurs.

Le constat n'en reste pas moins inquiétant sur la qualité de la presse et explique en bonne partie la présentation caricaturale faite du libéralisme en France (du libéralisme comme de tant d'autres choses). Le journaliste "de base" suit la vague, Wikipédia en étant un bon proxy d'ailleurs. Peu importe les faits qu'une recherche sérieuse permettrait de dégager...

A lire aussi :

vendredi 17 avril 2009

Rémunération des dirigeants

Après un premier message sur la question et un article Wikibéral, petit retour sur la situation au détour d'un article intéressant dans le Monde. Interviewé : un gérant d'actif, qui déclare :
Nous considérons que les autres rémunérations de ces dirigeants administrateurs ne doivent pas être seulement décidées en conseil d'administration. Les actionnaires doivent se prononcer. Cela donnerait une plus grande légitimité à ces rémunérations, et permettrait probablement d'éviter les dérives constatées.
Noter l'incompréhension sur la fin :
Ne faut-il pas légiférer ?

Nous estimons que ce n'est pas nécessaire, puisque rien n'empêche les conseils d'administration de décider d'un vote des actionnaires en assemblée générale. En Grande-Bretagne, les rémunérations de tous les dirigeants administrateurs sont votées en AG. Il s'agit de résolutions non contraignantes, mais qui, une fois votées, interpellent nécessairement le conseil d'administration, puisqu'il est élu par les actionnaires.
La journaliste, engluée dans ses préjugés ou plutôt dans le consensus médiatique, demande s'il faut légiférer (sous-entendu pour limiter la rémunération des dirigeants). L'interviewé - Pierre de Guerre - reste sur son idée, somme toute assez libérale, d'associer davantage les actionnaires à la rémunération des dirigeants, et rappelle qu'il n'y a pas besoin de loi puisque c'est leur droit.

Un rappel en filigrane au grand public que ce sont les actionnaires de l'entreprise qui pâtissent de rémunérations inadaptées et que c'est à eux de décider, et non à un Sarkozy quelconque. Le vote en AG est un bon moyen de justement associer tous les actionnaires à la question et de la faire sortir des conseils d'administration au fonctionnement pas toujours recommandable.

jeudi 16 avril 2009

Ryanair et les frais de payement (2)

J'avais abordé dans un premier message une façon de réduire les frais de payement outrageusement élevés facturés par Ryanair grâce aux chèques cadeaux. La méthode a perdu beaucoup de son efficacité pour les petites commandes. En effet, l'achat des chèques cadeaux est désormais soumis à des frais de payement de 5€. Il fallait s'y attendre...

Par conséquent, la manœuvre n'a plus aucun intérêt pour un billet simple, et n'en prend que pour des aller retour. Pour des commandes de nombreux billets d'un coup, cela reste par contre intéressant, puisque l'on peut limiter les frais de payement à 5€ au total, contre 5€ par billet normalement.

Reste la solution Entropay pour les billets à petits prix. Quand le billet est à 2,5€ taxes comprises et que l'on évite les 5€ de frais de carte, cela fait toujours 200% d'économisés... Plus de détails ultérieurement

samedi 7 mars 2009

L'économie communiste, l'avenir de la société

"L'économie communiste, c'est l'avenir de la société". Voilà ce que déclare Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte Ouvrière, après avoir déclaré une autre monstruosité : "le développement qu'il y a eu en Union soviétique prouve que cette économie planifiée et collectivisée peut être supérieure à l'économie capitaliste". On pourrait accumuler les chiffres, contentons-nous d'images sur le bilan "supérieur" de l'économie communiste:

Les plusieurs millions de morts de l'holodomor en Ukraine au début des années 1930.

Une queue pour rentrer dans un magasin dans la Pologne communiste.
L'assèchement de la mer d'Aral


Étonnamment, Florence Arthaud ne nous ressort pas la rengaine communiste selon laquelle le "vrai" communisme n'a jamais été appliqué. Elle même n'y croirait-elle plus? Pour y répondre par avance, laissons le mot de la fin à Arn0 :
Pourquoi tous les régimes sans exceptions qui se disaient communistes furent tyranniques ? Pourquoi se réclamaient-t-il du communisme si ils ne l'étaient pas ? Pourquoi la majorité des millions de personnes qui se disaient communistes dans les pays occidentaux considéraient-ils ces pays comme communistes ? Et en admettant que ces pays ne furent pas communiste : pourquoi le communisme ne fut-il jamais appliqué alors que tant de pays se réclamait de lui, alors que tant de personnes à travers le monde en étaient et en sont encore partisan, alors que plus encore éprouvaient et éprouve encore une sympathie à son égard et alors que beaucoup étaient et sont encore prêt à tuer et à mourir pour lui ?

mercredi 11 février 2009

Inégalité, richesses, etc: revue de web

Quelques idées de lectures sur le thème des "inégalités" :

Comment réduire/ne pas payer les frais de payment de 5€ chez Ryanair 1/2

Ryanair taxe tout et n'importe quoi pour compenser les prix extrêmement bas qu'ils proposent. Au titre de frais de payement, ils facturent ainsi 5€ par vol, n'accordant qu'une exception pour ceux qui payent avec la carte Visa Electron. Les frais disparaissent alors mais, Visa payant une prime à Ryanair pour développer cette carte, la compagnie aérienne s'y retrouve. Hic, aucune banque ne propose de carte Electron en Irlande...

Cependant, il est possible de réduire ce montant dans 40% des cas en achetant un bon cadeau Ryanair. Ces bons d'une valeur de 25€, 50€ ou tout autre multiple de 25€ ne sont pas soumis aux frais de payement. Ainsi, si vous achetez un aller-retour Dublin-Paris Beauvais pour 46€, en achetant un bon pour 50€ et en l'utilisant immédiatement, vous ne payez pas les 10€ de frais mais juste les 4€ qui restent sur le bon et qui sont perdus (Pas de petit profit chez Ryanair...). Cependant, vous pouvez toujours utiliser ces 4€ pour avoir le droit de monter en priorité dans l'avion par exemple.

Cela ne marche pas si vos billets coutent par exemple 30€ (plus de 10€ de différence avec le prochain multiple de 25€) mais ça peut parfois être utilie. Et même si la différence est mince, le simple fait de réussir à battre la compagnie aérienne la plus radine est une satisfaction en tant que telle!

A suivre, comment ne pas payer les frais en utilisant les cartes bancaires virtuelles (Entropay).

lundi 2 février 2009

Relance, multiplicateur & co

Alors que les "1.000 projets" du plan de relance viennent d'être dévoilés par des hommes politiques qui cherchent à montrer à tout prix qu'ils agissent contre la crise, quelques renvois vers des articles qui soulignent les limites des politiques de relance keynésiennes :

dimanche 25 janvier 2009

Presse française : Analyse intéressante

L'état moribond de la presse française a pour effet de faire naitre régulièrement des propositions de réformes diverses et variées, toutes se retrouvant dans la "nécessité" de plus d'argent public pour soutenir un secteur aux lourdes pertes. La dernière proposition de Nicolas Sarkozy n'y déroge pas, mettant 600 millions d'argent des contribuables en plus, pour socialiser les pertes des propriétaires, rarement dans le besoin, de ces journaux, et s'acheter le syndicat du livre CGT. Ce que d'aucuns résument pudiquement en "Pas d'affrontement direct avec le syndicat du Livre, en période de tensions sociales, mais des aides publiques pour aider à sauver la presse écrite."

Le Monde publie une analyse intéressante de ces mesures, qui plus est par un homme du sérail, Frédéric Filloux, ancien directeur de la rédaction de 20 Minutes. Dans un entretien, il montre les deux problèmes essentiels de ce subventionnement permanent : une presse subventionnée ne peut pas être indépendante du pouvoir et arroser de chèques public ces entreprises, c'est retarder des réformes nécessaires. Extraits:

Ce n'est pas un service à rendre aux entreprises que de les subventionner massivement. Dans le domaine de la presse papier, c'est suppléer à l'incapacité du secteur à générer des profits. En contrepartie de ces aides étatiques, les entreprises de presse devraient investir et se restructurer. Mais je doute qu'elles le fassent. La génération actuelle de patrons de presse soutient l'idée d'un système subventionné, aidé, plutôt qu'une réelle prise de responsabilité.
Nicolas Sarkozy a décidé de satisfaire la presse écrite. Par rapport à d'autres secteurs, la dépense est faible et le bénéfice politique important. Pour dire les choses crûment, il est plus important pour le gouvernement d'aider des journaux aux tirages faibles mais à l'influence certaine dans les sphères politiques, plutôt que d'aider des sites Internet à l'audience forte mais surtout lus par des jeunes.
Le reste de l'article

lundi 19 janvier 2009

Se souvenir de Friedman

Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1976, est bien mal aimé en France ; considéré par la majorité comme un fanatique suppôt de l'ultralibéralisme sauvage, il est tout aussi peu aimé des partisans de l’école autrichienne, sur Liberaux.org par exemple. Pourtant nombre de ses travaux sont particulièrement d’actualité aujourd’hui, mais cela implique de ne pas se cantonner à la seule de ses théories qui soit légèrement connue en France, le monétarisme. Hors le monétarisme, Friedman a ainsi écrit sur la théorie du revenu permanent et sur la temporalité des politiques de relance, deux sujets brulants (si, si) et pour lesquels il a reçu son Prix Nobel (il l'a été pour l'analyse de la consommation, l'histoire monétaire et la démonstration de la complexité des politiques de stabilisation »)

En 1957, alors qu’il est encore peu connu, Friedman écrit A Theory of the Consumption Function dans lequel il s’en prend à l’un des fondements de la théorie keynésienne, sa fonction de consommation, qui décrit la façon dont un ménage consommera en fonction de ses revenus. Pour Keynes, la consommation est fonction du revenu disponible à l’instant t. Dès lors, si le revenu augmente temporairement par un plan de relance, le consommateur consommera plus, prenant en compte ce revenu supplémentaire. Séduisant mais largement faux. Friedman observe que la consommation des ménages est beaucoup plus régulière que leurs revenus. Pour expliquer cette différence, Friedman propose son hypothèse du revenu permanent : le revenu d’un individu a deux composantes : une composante permanente et une composante transitoire. Ce qui compte ce n’est pas le revenu des ménages, mais leur estimation de leur revenu permanent,fonction de leurs revenus passés et l’anticipation qu’ils ont de leurs revenus à long terme. Pour que la consommation des ménages change, il faut que ce soit ce revenu permanent qui change, et un chèque gouvernemental n’y fera rien si l’économie est déprimée.


Dès lors, l’argumentation keynésienne ne tient plus : à quoi servirait une politique de relance, une baisse temporaire de la TVA comme au Royaume-Uni actuellement, si les ménages accumulent l’excédent de revenu dans des bas de laine sous leurs matelas ? A peu de choses à part creuser le déficit ! Cela a été ainsi vérifié dans des études américaines sur des baisses temporaires de fiscalité dans les années 1960, ainsi que, plus généralement de manière statistique. Il serait hâtif de dire qu’il en est toujours ainsi, ne serait ce qu’en raison de l’intervention d’autres facteurs pour expliquer les variations de la consommation et pour ne pas sombrer dans l’historicisme. Mais l’argument reste valable et largement vérifié…

Friedman porta un autre coup, plus violent, aux théories keynésiennes sur l’intervention étatique en période de crise : loin d’atténuer les crises, elle ne fait que les aggraver. Les politiques contra-cycliques (destinées à lisser l’évolution économique) sont en fait pro-cycliques (elles accentuent les cycles économiques). Friedman étudia cette question dans ses Essays in Positive Economics (1953). Dans ses recueil se trouve en particulier un texte, The Effects of a Full-Employment Policy on Economic Stability, écrit en 1951. Milton Friedman y souligne que l’action de l'État, quand elle se veut contra-cyclique, est marquée par des lags, des délais. Il estime ainsi entre 10 et 24 mois les délais entre le moment critique et le moment où l'État agit concrètement. Entre les deux, il y a un délai entre le moment où le problème survient et celui ou les hommes de l'État en prennent conscience, puis à nouveau un délai jusqu’à la décision des mesures à prendre, et enfin un troisième avant que les effets de ces mesures se fassent sentir. Il résume ainsi cette analyse des lags de l’action publique en 1962 dans Capitalism and Freedom :
There is likely to be a lag between the need for action and government recognition of the need; a further lag between recognition of the need for action and the taking of action; and a still further lag between the action and its effects
Ces théories de Friedman sont cependant bien loin d'être écoutées actuellement. Si on ne s'intéresse pas aux théories alternatives, qu'est ce qui peut expliquer cette obstination de l'intervention politique alors? Montrer qu'on agit pour ne pas passer pour Mister Do-Nothing, répondre à la demande exprimée sur le marché politique en somme. Autant de questions qui mériteraient un article à part...

Liens intéressants :

jeudi 15 janvier 2009

Le scandale de la rémunération des dirigeants ?


Je découvre aujourd’hui une étude intéressante de Xavier Gabaix (New York University) et Augustin Landier (NYU également) sur la rémunération des dirigeants. Il est de bon ton dans le débat politique actuel, jusqu'à l'UMP, de prendre pour bouc émissaire les « patrons rapaces » et autres capitalistes « sans foi ni loi » pour enfin « moraliser le capitalisme », comprendre égaliser et uniformiser. Or, comme le montre Xavier Gabaix et Augustin Landier, la rémunération des dirigeants est cohérente avec la valeur qu’ils apportent à l’entreprise.

Le constat de départ des auteurs est la multiplication par six de la rémunération des dirigeants entre 1980 et 2003 aux Etats-Unis. Est-ce « excessif » ? Non pour les deux auteurs pour qui la raison n’est pas du tout dans une prétendue « rapacité » ni l’évolution des incentives mais tout simplement dans la multiplication par six de la taille des entreprises qu’ils dirigent. Entre 1980 et 2003, la valeur économique la capitalisation moyenne des 500 plus grosses entreprises cotées a été multipliée par six. C’est l’évolution que l’on retrouve dans la rémunération des dirigeants. Il est intéressant de noter qu’entre 2000 et 2005 (dernière année disponible dans l’étude), on a une dissociation des deux tendances, mais dans le sens inverse à celui que le français moyen pourrait attendre : la capitalisation augmente mais les rémunérations stagnent voire baissent.

Cette analyse fonctionne relativement bien pour les autres pays étudiés, comme l’illustre ce graphique (avec des données légèrement différentes), figurant la rémunération des dirigeants avec la taille des plus grosses entreprises.


Les talents des dirigeants ne sont pas si différents, mais une différence minime a des conséquences énormes sur la rémunération avec l’effet multiplicateur de la taille de l’entreprise. Le postulat de départ, critiquable mais fonctionnant relativement bien, est que les meilleurs CEO dirigent les plus grandes entreprises car c’est là que leurs talents seront les mieux utilisés. Si le 250e CEO par talent remplaçait le 1er à la tête de la plus grosse entreprise, la valeur de l’entreprise ne déclinerait que de 0.016%. Mais cette différence minime justifie une différence de salaire de 500% étant donné ce que ces 0.016% de plusieurs dizaines de milliards représentent !

Une seconde explication avancée par les le reste de la littérature académique déjà existante est l’évolution du métier de patron et en particulier le plus grand risque d’être licencié qu’auparavant avec la plus grande vigilance des actionnaires.

J’ai coupé la partie mathématisation de l’étude qui, en plus d’être peu digeste, aurait rebuté les plus autrichiens ;) On pourrait également trouver beaucoup à redire sur les hypothèses comme celles liant le talent à la taille de l'entreprise. Cela est probablement en bonne partie vraie mais, si la simplification passe dans une modélisation mathématique forcément incomplète, on peut douter qu'il en soit de même dans la réalité. Quid des rémunérations non matérielles comme le prestige, ou des satisfactions morales comme la volonté d'apporter quelque chose au monde de plus durable que des lessives?

En outre, on peut reprocher aux conclusions de l'étude un certain optimisme excessif : les dérives existent et existeront toujours. Cela tient probablement à la volonté des auteurs d'insister sur l'efficacité de leur modèle, quitte à gommer les nuances. Les dérives existeront toujours et la véritable erreur consiste à croire qu'un système parfait puisse exister. Les auteurs soulignent qu'il y a une logique dans l'évolution des rémunérations, c'est déjà beaucoup. Ne croyons pas qu'elle explique tout!

Xavier Gabaix est un économiste français qui enseigne à l’université de Princeton. Il est considéré par le panel de chercheurs de The Economist comme l’un des huit jeunes économistes les plus prometteurs à travers le monde.

Augustin Landier est un économiste français qui enseigne la finance à la New York University. Il a co-écrit avec David Thesmar Le grand méchant marché ainsi que de nombreux articles dans la presse française et internationale.

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lundi 12 janvier 2009

Eurobilltracker


Plus encore que les pièces, les billets en euro sont identifiables. Pour les premières, la face nationale des pièces permet de connaître le pays dans laquelle la pièce a été frappée. Pour les seconds, la première lettre du numéro de série permet d'identifier le pays d'émission : T pour l'Irlande, U pour la France, X pour l'Allemagne, Z pour la Belgique. De l'autre côté du billet, un code à 5 éléments, composé d'une lettre, suivie de trois chiffres, puis une lettre et à nouveau d'un chiffre. Il permet d'identifier l'imprimeur et les détails de l'impression.

Avec tous ces éléments permettant de tracer les billets, de nombreux sites se sont créées pour suivre le trajet que faisaient ces billets une fois lâchés dans la nature. Eurobilltracker est l'un d'entre eux, que j'ai découvert récemment. Rien à y gagner mais l'amusement de retrouver parfois un des billets qu'on a eu dans son portefeuille a quelques centaines de kilomètres... ou à la porte à côté.

samedi 3 janvier 2009

Figaro et Vaclav Klaus

Le pastiche du Figaro que Jalons avait fait s'appelait fort à propos Figagaro. La situation ne s'est pas améliorée entre temps et le journaliste Maurin Picard de nous le prouver plutôt deux fois qu'une avec un article (ou plutôt une tribune à charge) sur le président tchèque Václav Klaus.

Dès le titre, le ton est donné, le nom est écorché, preuve s'il en est de la connaissance du sujet par le "journaliste". Le á signifie en l'occurrence que la voyelle est accentuée et correspond en phonétique à /aː/. Mais gageons que Maurin Picard ne se formaliserait pas si on l'appellait Morin Picart...

Le reste de l'article est à l'avenant mais lister les approximations, erreurs et présentations mensongères serait trop long. Passons directement au plus intéressant et révélateur des méthodes dudit journaliste. Pour discréditer Klaus, il ne trouve rien de mieux que citer... la police secrète communiste dans les années 1980. Autant citer la Gestapo pour discréditer les opposants au nazisme.

Pour ne citer qu'une des erreurs suivantes de l'auteur, mentionnons simplement le chapeau de l'article:
Vaclav Klaus, a juré de saboter les efforts du gouvernement de Mirek Topolanek
Oublierait-il que Topolánek (encore une autre erreur d'écriture monsieur Piquar), lorsqu'il a annoncé le slogan polémique de la présidence tchèque de l'Europe (Evropě to osladíme), a reconnu le caractère « volontairement provocateur » de ce slogan qui signifie "nous allons sucrer l'Europe". (Le jeu de mot est impossible à restituer ici mais on pourra lire l'article de Nathalie Frank sur la question ici.

Un seul point positif dans tous cela, Maurin Picard n'utilise pas le terme ultralibéral sauvage et dévoreur d'enfants. Probablement car là encore il ne connait pas les positions de Klaus... Précisions quelques points sur Klaus:

Economiste reconnu sous le régime totalitaire communiste, il réussit à étudier les auteurs non socialistes et s'oppose à l'idéologie du régime en se rapprochant de l'école autrichienne. Klaus de déclarer ainsi : « Hayek a eu sur moi une grande influence. Mais je pense que ce qui m’a le plus appris a été Human Action de Mises, et cela est resté vrai jusqu’à aujourd’hui ». Il est également membre de la Société du Mont-Pèlerin, une prestigieuse société de pensée libérale. Les mesures qu'il a mené cependant sont beaucoup moins libérales que ses écrits, là encore malgré les affirmations hâtives du "journaliste" du Figaro.

Enfin, s'il déclence tant de réactions enragées, c'est car il dit avec force que l'environnement ne doit pas servir de nouveau prétexte à la mise en danger des fondements des démocraties libérales actuelles. Point de vue qu'il a amplement développée et qu'il résume par « la menace communiste a été remplacée par celle d’un environnementalisme ambitieux ». Le réchauffement climatique, comme toute question scientifique ne doit pas être un dogme. En hurlant avec les loups qui voudraient faire taire toute voix dissidente, M. Picard rend un très mauvais service à l'environnement, que seul le progrès scientifique peut durablement aider, et à la liberté d'expression.

Pour compléter :