lundi 22 décembre 2008


Maria Vargas : And when I was older, and the bombs still came, just to bury myself in the dirt was not enough to be safe. I needed someone to be with me. Someone to love, to love me, to make me safe. I needed it. I still need it when I'm afraid. Like a baby who needs a light on in the dark, I need to be loved when I'm hiding in the dirt, and afraid

Harry Dawes : But the bombs are gone.

Maria Vargas : You surprise me, Mr Dawes. Is fear gone?

Harry Dawes : What are you afraid of ?

Maria Vargas : The same as everybody else. Of being exposed and unprotected.

mercredi 10 décembre 2008

Libéralisme et morale

La John Templeton Foundation a convié une dizaine d'intellectuels de renoms à s'exprimer sur la question du libéralisme (plus exactement du free market) et de la moralité de ses acteurs (moral character). Le recueil a d'ailleurs été débatu sur Liberaux.org.

J'ai reçu enfin le petit livre qui rassemble ces contributions et de nombreux textes valent la lecture. En particulier celui de Jagdish Bhagwati qui revient sur les effets positifs de la mondialisation pour l'éthique et le progrès social. Un texte à rapprocher de l'article de The Economist, "In praise of the stateless multinational". Les remarques de Gary Becker et Richard Posner valent également la lecture, comme le soulignait Etienne sur liborg.

Ci-dessous, le texte, même si on peut regretter qu'il parle plus de la mondialisation que du libre marché:

De mon expérience personnelle, celui qui essaye à cette époque de parler de libre marché sur les campus universitaires se trouve enseveli sous une avalanche de critiques envers la mondialisation. L'opposition des enseignants et des étudiants à l'expansion des marchés mondiaux dérive pour une large part d'un sens de l'altruisme, qui dérive de leur souci des questions sociales et morales. Pour résumer, ils pensent que la mondialisation n'est pas à visage humain. Je pense le contraire. La mondialisation, je le montrerai, conduit non seulement à la prospérité et à sa diffusion mais aussi à des conséquences éthiques et à une plus grande moralité parmi ses acteurs.

Nombre de ses critiques croient que la mondialisation défait certaines avancées sociales ou éthiques comme la réduction du travail des enfants et de la pauvreté dans les pays pauvres ou la promotion de l'égalité des sexes et la protection de l'environnement dans le monde entier. Cependant, quand j'ai examiné ces questions et d'autres dans mon livre ''En défense de la mondialisation'', j'ai trouvé que les conséquences réelles étaient à l'opposé de ces craintes.

Par exemple, nombreux sont ceux qui croyaient que les paysans réagiraient aux opportunités apportées par la mondialisation en retirant leurs enfants de l'école et en les faisant travailler. L'expansion du libre marché agirait alors comme une force négative. Mais j'ai montré que c'est l'opposé qui était vrai. Il s'est avéré que, dans de nombreux cas, les gains supplémentaires permis par la mondialisation - bénéfices croissants des planteurs de riz au Vietnam par exemple - ont incité les parents à laisser leurs enfants à l'école. Après tout, ils n'avaient plus besoin du maigre revenu supplémentaire que le travail d'un enfant peut rapporter.

Considérons l'égalité des sexes : avec la mondialisation, les industries qui produisent des biens et des services échangés sur le marché mondial doivent faire face à une concurrence internationale avivée. Cette concurrence a réduit le fossé béant qui existait dans de nombreux pays en développements entre les salaires payés, à qualification égale, à un homme et à une femme. Pourquoi. Parce que les entreprises confrontées à une concurrence mondiales réalisent rapidement qu'elles ne peuvent se permettre cette préférence masculine. Obligée s de réduire leurs couts et de fonctionner de manière plus efficace, elles passent de plus en plus d'une main d'œuvre masculine chère à une main d'œuvre féminine bon marché. Ce faisant, elles augmentent le salaire des femmes et réduisent celui des hommes. La mondialisation n'a pas encore produit l'égalité salariale mais elle en a certainement réduit l'importance.

Il y a désormais des preuves nombreuses que la Chine et l'Inde, deux nations avec d'immenses problèmes de pauvreté, ont réussi à croître si rapidement en prenant avantage du commerce et des investissements extérieurs et que, par là, elles ont réduit la pauvreté de façon très importante. La route est encore longue mais la mondialisation a permis d'améliorer les conditions de vie de centaines de millions de leurs habitants. Certains détracteurs ont attaqué l'idée de réduire la pauvreté par la croissance économique, lui reprochant d'être une stratégie conservatrice de trickle-down (NdT: Moins imposer les plus riches en espérant que cela profitera aux plus pauvres). Ils évoquent des images de riches suralimentés et gloutons ou de bourgeois mangeant du gigot quand les serfs et les chiens se contentent des miettes sous la table. En réalité, se concentrer sur la croissance économique est une stratégie activiste qui tire tout le monde vers le haut ("pull-up" strategy).

Même s'ils reconnaissent que la mondialisation permet généralement l'accomplissement de certains objectifs sociaux, certains critiques soutiennent qu'elle corrode la moralité de ses acteurs. Selon eux, l'expansion du libre marché élargit le domaine sur lequel la poursuite du profit règne et cette recherche du profit rend les individus égoïstes et malfaisants. Cela est à peine plausible. Regardons les bourgeois calvinistes décrits par Simon Schama dans son histoire des Pays-Bas. Ils ont construit leur fortune sur le commerce international mais ont cédé à l'altruisme et non à leurs appétits personnels, montrant ce que Schama appela avec justesse des "embarras de la richesse" ("embarassment of riches"). Une telle auto-limitation peut aussi être observé chez les Jaïns du Gujarat, cet état indien dont était originaire le Mahatma Gandhi. Les richesses que les Jaïns tirèrent de leurs activités commerciales ont servi leurs valeurs et non l'inverse.

Quant à l'influence que la mondialisation continue à avoir sur le caractère moral, permettez moi de citer les merveilleux sentiments de John Stuart Mill. Comme il l'écrivit dans ses ''Principes d'économie politique'' (1848):

Les avantages économiques du commerce sont surpassés par ses effets d’ordre moral et intellectuel. Il est difficile d’estimer trop haut, dans l’état actuel, relativement primitif, de la civilisation, l’avantage de mettre des hommes en contact avec des hommes différents qui ont des habitudes de pensée et d’action autres que les leurs … Il n'est aucune nation qui n'ait pas besoin d'emprunter aux autres. Pas uniquement des talents ou des pratiques mais des traits de caractère essentiels dans lesquels son propre type est inférieur. ... On peut dire sans exagération que l'extension immense et rapide du commerce international, en étant la principale garantie de la paix dans le monde, est la première sécurité permanente pour un progrès ininterrompu des idées, des institutions et du caractères de la race humaine.

Dans l'économie mondialisée contemporaine, on voit continuellement des signes du phénomène décrit par Mill. Quand les multinationales japonaises s'étendirent dans les années 1980, les cadres dirigeants masculins emmenèrent avec eux leurs femmes à New York, Londres ou Paris. Quand ces femmes japonaises traditionnelles virent comment les femmes étaient traitées dans les pays occidentaux, elles firent leurs ces idées de droits des femmes et d'égalité. A leur retour au Japon, elles devinrent agents de changement social. De nos jours, la télévision et Internet ont joué un rôle considérable en étendant notre conscience sociale et morale au delà des limites de nos communautés et des états-nations.

Adam Smith écrivit de façon célèbre sur un "homme européen plein d'humanité" qui "ne dormirait pas ce soir" s'il "devait perdre son petit doigt demain" mais "ronflerait avec la plus profonde sérénité" si une centaine de millions de Chinois étaient "soudainement avalés par un tremblement de terre" car "il ne les avait jamais vu". Les chinois ne nous sont plus invisibles, vivant à l'extérieur de la frontière de ce que David Hume appelait les cercles concentriques de notre empathie. Le séisme de l'été dernier en Chine, dont les conséquences tragiques ont été instantanément retransmises sur nos écrans, a rencontré non l'indifférence du reste du monde mais l'empathie et le sens profond d'une obligation morale envers ces victimes chinoises. Cela était le sommet de la mondialisation.
Jagdish Bhagwati, texte original

Community Reinvestment Act

Dans la série raison de la crise actuelle, un article de Wikibéral:

Le Community Reinvestment Act ou CRA est une loi fédérale américaine de 1977, qui oblige les banques à accorder des prêts à l'ensemble de la population et non uniquement à leurs clients les plus solvables. Elle oblige les établissements de crédit « à satisfaire les besoins de crédit de l'ensemble de leur communauté », au mépris des règles prudentielles. Elle a donc concrètement comme effet, voulu, d'obliger les banques à accorder des prêts aux ménages les plus pauvres et très probablement insolvables.

Cette loi était initialement destinée à lutter contre la supposée discrimination raciale et ethnique dans l'accord des prêts bancaires. Le fait d'appartenir à une minorité permettait donc de passer outre les credit scoring qui mesurent la capacité des emprunteurs potentiels à rembourser l'emprunt. Dès lors, cela a conduit les banques à accorder des prêts à des personnes qui ne pourraient jamais les rembourser.

Le nombre de ménages qui se sont vu octroyer ce type de crédit immobilier à hauts risques n'a pas cessé de croître. A cause des dépenses publiques de plus en plus importantes, la Federal Reserve américaine a relevé les taux d'intérêts a de nombreuses reprises, dégradant ainsi le rating des familles, qui se sont donc vu obligés de recourir à ce type de crédit. Cette augmentation du nombre de familles nécessitant ce type de crédits est également une conséquence de la hausse irrationnelle des prix de l'immobilier à cause d'une réglementation excessive de la construction en certains endroits, qui a conduit à sur-évaluer artificiellement la valeur des biens immobiliers.

Sans exonérer les établissements financiers de leur responsabilité dans l'inflation des crédits américains, cette loi en est l'une des principales causes. Outre cet Act, l'État américain a continué à faire enfler de façon exagérée les montants des emprunts, par les organismes quasi publics Freddie Mac et Fannie Mae (des GSE : Government Sponsorized Enterprise. Fannie fut crée par l'administration Roosevelt, destinée à financer l’accès à la propriété des Américains désargentés. Le crédit immobilier irresponsable date de cette époque, il n’a cessé pendant soixante ans de perturber la finance des Etats-Unis, Fannie (et son petit frère Freddie) détiennent actuellement un quart des créances immobilières non recouvrées. C’est le contribuable américain qui paiera.) ou par une politique monétaire laxiste sous l'ère Greenspan. Freddie et Fannie ont été ainsi les principaux promoteurs des crédits subprimes aux États-Unis, prenant des risques exagérés car se sachant protégés par l'État fédéral (aléa moral).

Dénonciation de la loi

De nombreux universitaires ont dénoncé cette loi, pour ses nombreux effets pervers. Ainsi, plusieurs études du Cato Institute ou de la réserve fédérale de Dallas ont souligné l'inutilité de la loi: si les nouveaux bénéficiaires de prêts grâce au CRA étaient solvables, pourquoi les banques auraient-elles refusées de les servir avant?[1],[2]

L'économiste Stanley J. Liebowitz a montré que la CRA nourrissait tout un système népotique, dans lequel les banques accordaient plus d'emprunts aux minorités les plus bruyantes, pour éviter d'être mal notées dans les rapports annuels du CRA[3].

Les critiques sur le rôle du CRA dans l'affaiblissement ont été reprises par de très nombreux auteurs, comme Stanley J. Liebowitz, Ron Paul ou le Wall Street Journal.

Liens externes

mercredi 3 décembre 2008

Réformes à l'italienne

Longtemps farouches tenants de l'exception culturelle qu'était l'incurie de l'administration publique, les italiens semblent avoir laissés ce monopole à la France. Quand Super Sarko croit encore que l'absence de réformes de fond et la dépense irresponsable peut tenir lieu de guide, nos voisins transalpins ont pris les choses en main et mené tambour battant des réformes de fond. Des réformes menées aussi bien par la gauche que par la droite, voire plus par la première d'ailleurs

  • Suppression du statut de fonctionnaire par le ministre de gauche Franco Bassanini. Cela couplé avec l'introduction de la rémunération au mérite, une décentralisation poussée et une simplification administrative. Résultat? Des documents administratifs passés de 38 à 5,6 millions par an, le délai pour ouvrir une activité passée de 3 ans à 3 mois. Un meilleur service du client de l'administration et une gestion plus responsable des salariés de l'Etat, qui passent très largement sous un contrat de droit privé.
  • Renato Brunetta, ministre du gouvernement Berlusconi depuis 2008 en charge de l'administration publique a continué les réformes choc. Rappelant la vocation "sociale" de la réforme de l'Etat (« Les riches peuvent s'offrir des services privés, ce sont les pauvres qui ont besoin d'écoles publiques ou d'hôpitaux efficaces »), il a pris à bras le corps le problème de l'absentéisme structurel dans les administrations; là encore, résultats spectaculaires, en 4 mois, baisse de 37% de l'absentéisme!
  • Enfin, la semaine dernière, une décision symbolique à saluer : un nouveau directeur pour la Réunion des musées nationaux transalpine, qui est, Horreur, un ancien de ... Mac Donald's, bien décidé à aider l'Etat à mieux mettre en valeur son extraordinaire patrimoine culturel. Une décision saluée par le critique d'art le plus célèbre du pays, qui a qualifié le choix de "très positif".
Des décisions dans un pays proche de nous, à la culture pas si éloignée et donc il serait bon de s'inspirer. Mais alors que Nicolas Sarkozy s'enferme dans la non-solution d'un plan de relance, on a du mal qui à gauche serait susceptible de porter cela...

Dans le champ culturel, je salue également la chronique de Guillaume Vuillemey de l'Institut Economique Molinari sur le site du Monde. A découvrir

lundi 1 décembre 2008

Aer Lingus fait fort!

Le poids total des bagages enregistrés doit être inférieur à 20 kg par passager, à l'exception des bébés.


Merde, moi qui voulais transporter mon bébé en soute...

lundi 20 octobre 2008

Prix Wikibéral 2008


L'association Liberaux.org décerne chaque année un prix Wikibéral pour récompenser le livre libéral de l'année. C'est Jacques de Saint-Victor qui l'a reçu cette année pour Les racines de la liberté (Perrin, 2007). Il s"intéresse aux origines du discours de la liberté dans la France de l’ancien régime, entre 1689 et 1788. en traitant tout particulièrement ces antiques “libertés germaines”. Les “libertés germaniques” étaient invoquées par les défenseurs d’une monarchie tempérée par des contre-pouvoirs, en particulier aristocratiques ou parlementaires. Ces défenseurs, comme Monstesquieu, se référaient à la période où les rois étaient encore des nobles parmi les autres, “hissés sur le pavois” lors de leur élection.

L'association vient de sortir un recueil d'articles pour honorer le lauréat. En plus d'une critique de tous les ouvrages sélectionnés, vous retrouverez de nombreux thèmes abordés dans l'ouvrage et qui ont été approfondis ou développés sur un point précis. Il est disponible en ligne à cette adresse. De même, un dossier de presse est en ligne à cette autre adresse. Présentation sur Contrepoints.

Bonne lecture

Contenu :

1ère partie
* Critique de Français n’ayez pas peur du libéralisme, Pascal Salin
* Critique de Mises : The Last Knight of Liberalism, Jörg-Guido Hülsmann
* Critique de Essais de philosophie, de science politique et d’économie, Friedrich Hayek
* Critique de Seuls les extrémistes sont cohérents, Gilles Campagnolo
* Critique des Racines de la liberté
* Critique de L’empire du moindre mal, Jean-Claude Michéa
* Critique de C’est trop tard pour la terre, Cécile Philippe
* Critique de Ma vérité sur la planète, Claude Allègre

2e partie
* Biographie de l’auteur, par Wikibéral
* Républicanisme aristocratique, monarchie absolue et libéralisme, par Jean-Louis Harouel
* Libéralisme économique et absolutisme au XVIIe siècle : L’exemple de Pierre de Boisguilbert, par Fabrice Ribet
* L’histoire contre le droit naturel, par Fabrice Ribet
* Qu’est ce que le droit naturel ?, par Wikibéral
* La Glorieuse révolution d’Angleterre, par Wikibéral
* Fénelon et le clan des ducs, par Wikibéral
* Le duc de Saint-Simon et la polysynodie, par Fabrice Ribet
* François Hotman, un précurseur libéral
* Henri de Boulainvilliers, un « incontournable », par Wikipédia
* Montesquieu, le plus grand penseur libéral du siècle ?, par Wikibéral
* La Fronde et les idées libérales

jeudi 16 octobre 2008

Oh non!


L’Irlande a beaucoup de très bons côtés. Des gens accueillants, un cadre de vie agréable, des paysages superbes. Quand elle se met à copier la France, c’est moins heureux par contre... Petite note culturelle aujourd'hui : L’actualité depuis plusieurs jours, c’est la présentation du budget (prononcer boudgette avec l’accent irlandais).

Même s'ils ont de l'avance en matière de "misère fiscale", les irlandais se mettent en train pour nous rattraper. La France est 1ère mondiale évidemment dans ce classement, on a pas de pétrole mais des législateurs créatifs... Les Irlandais nous copient en augmentant les taxes dans tous les coins avec un budget qu'on peut résumer par un All pain but not gain. Et la surprise du chef, 1% on all incomes, 2% on all incomes over 100,000€ a year. Pas sur que nos hommes politiques nous aient déjà fait le coup... Au moins, les ministres et le Taoiseach ont eu la délicatesse de réduire leurs salaires de 10%, comme Mary McAleese, président du pays. Ca ne change rien à la situation du parti mais ça désarme les critiques sur ces présidents dispendieux qui vivent dans leur bulle bling bling. Et j'ai mal choisi mon moment pour arriver ici apparemment...

Autre point sur lequel les Irlandais entreprenent de nous copier, les grandes campagnes de l'Etat-nounou pour qu'on soit bien sages. Dernier exemple en date, drink sensibly, version locale de notre "à consommer avec modération". Le message n'a pas encore été assez répété et les irlandais gardent heureusement une certaine fraicheur d'esprit là dessus. La dernière fois que j'en ai parlé on m'a répondu par un éloquent Come on, you are in Ireland! Who drinks sensibly?

Dernier exemple, mais beaucoup plus inquiétant, toutes les publicités pour les banques ici disent fièrement que ces dernières sont regulated by the financial regulator. Apparemment ça doit être rassurant, mais moi ça m'inquiète plutôt quand je vois les méfaits de ces fameux régulateurs...

P.S, je délocalise la partie non-perso du blog à une autre adresse.

jeudi 2 octobre 2008

Garantie des dépôts par l'Etat irlandais


Le principal sujet de discussion en Irlande en ce moment est, sans surprise, la situation des entreprises du secteur financier. Le pays a en effet des activités financières très développées, ainsi que des taux d’endettement des ménages élevés. La décision du gouvernement irlandais de garantir tous les dépôts dans les six principales banques du pays pendant deux ans a donc suscité de nombreuses réactions, sauf sur Liberaux.org !

Pour commencer par souligner les quelques points positifs, les banques irlandaises devraient retrouver un accès relativement aisé au marché interbancaire grâce à cette protection qui rassurera les investisseurs. Deuxième point à souligner, tous les intervenants rappellent que c'est de l' "argent des contribuables qu'il s'agit", et non d'une rosée fécondante comme l'exprimait Bastiat. De quoi calmer les vélléités dépensières. Enfin, les banques doivent payer une taxe supplémentaire pour bénéficier de cette protection. Autrement formulé, l'aléa moral tant craint par les libéraux devrait être théoriquement limité.

Las, ces avantages ne tiennent pas longtemps, là où les problèmes posés par cette mesure sont eux sérieux. Pour revenir sur l'aléa moral, on peut douter qu'une taxe supplémentaire, qui s'annonce modeste, compte pour grand chose dans la balance face à une faillite évitée. Et l'on ne peut s'empêcher de tracer un parallèle entre cette "protection" des six banques et un système quasi mafieux. Si l'on considère que l'Etat irlandais ne risque pas de faire faillite, six banques obtiennent ainsi un avantage important dans le contexte actuel. Au lieu d'aller vers les banques les plus sures et les mieux gérées, les liquidités iront vers les mieux "protégées" par un parrain puissant. On est proche de la course à l'abîme protectionniste des années 1930. Et cette course vers le gouffre a été relancée en Europe : L'Allemagne a pris une mesure similaire en garantissant jusqu'à 500 milliards € de dépôts. Peu après, l'Autriche a annoncé vouloir faire de même pour éviter une fuite de son épargne vers l'Allemagne. Et Wilhelm Molterer, ministre des finances de déclarer :
Du point de vue de l'Autriche, cela ne correspond pas à une réelle nécessité, nos banques sont bien positionnées. Mais je proposerai que nous relevions également la garantie des dépôts pour éviter que l'épargne autrichienne ne soit retirée et transférée vers l'Allemagne
Si de telles mesures devaient continuer à être prise, le secteur financier étant jugé vital à l'économie, c'est donc au moins à l'échelon européen qu'elles auraient une raison d'être. La commissaire européenne à la concurrence, Nelly Kroes, a eu raison de demander des éclaircissements, elle aurait surtout du être encore plus sévère. Quant à Nicolas Sarkozy, plus mauvais encore que d'habitude, il s'est gardé de toute critique pour essayer de sauver la signature irlandaise du traité européen...

Mais toutes ces réflexions restent bien éloignées de la réalité, tant qu'on oublie que le roi est nu. En Irlande et plus encore en France. Si les banques irlandaises devaient faire faillite, l'Etat serait bien incapable de les renflouer, alors qu'il garantit des montants égaux à plus de deux fois le PIB du pays... Même le très peu libéral journal Le Monde le reconnaît..

Pour conclure sur une note positive, le pays continue à attirer les entreprises étrangères en tout cas. Dernier venu, Facebook! L’entreprise américaine a choisi d’installer son siège européen à Dublin jeudi dernier (article).

mercredi 1 octobre 2008

Article de Pascal Salin dans les Echos

n article intéressant de Pascal Salin passe aujourd’hui dans les Echos et il est heureusement disponible en ligne. Il traite de la crise financière actuelle et des responsabilités de l’état américain dans sa genèse. On peut regretter qu’il ne parle pas de la situation actuelle et de la démarche préférable, on peut aussi se demander si il n’y a pas la gêne de certains libertariens qui demandent une non intervention totale mais savent qu’elle est impossible.

Sur les symptômes de la crise, le blog de Vincent Bénard, Objectif liberté, vaut également le détour, même si je ne suis pas vraiment sur la même ligne pour le sauvetage des banques.

Enfin, un article de The Economist avec lequel je suis d’accord dans ses grandes lignes et qui explique pourquoi le plan Paulson, pas encore enterré, est une bonne chose.

Morceaux choisis de l’article de Pascal Salin:

La crise financière actuelle est l’occasion pour beaucoup de commentateurs de chanter le refrain habituel sur l’instabilité chronique du capitalisme et sur la nécessité d’un renforcement de la réglementation des marchés que l’on appelle d’ailleurs, de manière erronée, une régulation des marchés financiers. [..] C’est pourtant une leçon toute différente que l’on devrait tirer de la crise actuelle, à savoir que la meilleure régulation passe par le libre fonctionnement des marchés et non par leur réglementation.

Pendant toute la période de bas taux d’intérêt et de crédit facile, le monde a été submergé de liquidités. Afin de profiter de cette magnifique occasion de profits faciles, les établissements financiers ont accordé des crédits à des emprunteurs de moins en moins fiables, comme l’a montré la crise des « subprimes ». Lorsque l’on est revenu à des taux d’intérêt plus normaux, les excès du passé sont apparus au grand jour. C’est l’éclatement de la « bulle financière »

A notre époque, on a cru possible de fonder le développement économique sur le crédit et non pas sur les fonds propres. Par ailleurs, une grande partie du crédit provient d’une création ex nihilo, à savoir la politique monétaire expansionniste, et non d’une épargne volontaire. Simultanément, le dépérissement du capitalisme - résultant lui-même bien souvent de l’interventionnisme étatique - a fait en sorte que les grandes banques ne sont plus dirigées par des capitalistes, propriétaires du capital, mais par des managers qui, ne supportant pas eux-mêmes les risques de l’actionnaire, sont tentés de maximiser les profits à court terme.

Certes, on peut reprocher aux établissements financiers de n’avoir pas été plus prudents. Cela résulte des structures institutionnelles de notre époque que nous avons rappelées. Mais cela reflète aussi le fait que l’information ne peut jamais être parfaite : un système capitaliste n’est pas parfaitement stable, mais il est plus stable qu’un système centralisé et étatique. C’est pourquoi, au lieu de stigmatiser une prétendue instabilité du capitalisme financier, on devrait stigmatiser l’extraordinaire imperfection de la politique monétaire.

samedi 13 septembre 2008

Contrepoints


Un nouveau billet aujourd'hui pour vous signaler la naissance récente du dernier né de la galaxie liborgiaque, Contrepoints. Contrepoints est un journal en ligne, aux positions libérales/libertariennes, et sur lequel j'ai le plaisir d'écrire de façon occasionnelle en plus de Wikibéral. Il y a toujours de la place pour ceux qui voudraient s'y impliquer!

Le nom est inspiré de la première revue fondée par Raymond Aron, Contrepoint, même si pour l'instant la ligne éditoriale n'est pas franchement la même.