samedi 6 mars 2010

Collectif Antigone : Pourquoi nous voterons pour Frédéric Bastiat


Voici l’appel du Collectif Antigone, reproduit sur ce tract que vous pouvez également distribuer :

« Orphelins de la liberté, nous ne nous reconnaissons dans aucune liste pour ces élections régionales. Nous voterons, quelque soit la région, pour une liste dirigée par Frédéric Bastiat, un journaliste, économiste, philosophe et homme politique français du XIXe siècle. Par ce choix, nous voulons souligner à quel point la liberté, économique et politique, est aujourd’hui méprisée dans notre pays.

Le libéralisme a une riche histoire en France, tant dans la pensée qu’en politique et pourtant, aujourd’hui, la droite comme la gauche communient dans l’antilibéralisme. Nous appelons donc tous les électeurs sensibles à la liberté, tant politique qu’économique, à nous rejoindre et à découvrir Frédéric Bastiat.

Nous sommes un groupe de citoyens sans affiliation politique, qui entend par son action montrer à quel point l’apport du libéralisme en France est aujourd’hui occulté. Nous prenons le nom de collectif Antigone du nom de cette femme qui, dans l’Antiquité, osa s’opposer à Créon chez Sophocle, pour défendre les droits naturels de l’homme. Nous nous en revendiquons dans une société ou la liberté est menacée : liberté politique à travers le fichage, l’extension des pouvoirs policiers, la montée des contrôles sur l’internet ou l’intrusion du pouvoir public dans nos plus petites décisions. Liberté économique par la réglementation poussée à l’extrême, la collusion du pouvoir avec des intérêts privés ou l’explosion d’une dette qui nous entraine vers le sort de la Grèce, non pas antique mais contemporaine.

Désireux de prendre une part active à la vie politique, nous attendons l’avènement d’une droite et d’une gauche moderne, pour lesquelles nous pourrions voter. C’est avec tristesse que nous avons décidé de voter blanc, et avec joie que nous voterions pour des partis qui, enfin, représenteraient les idées de liberté et rendraient possible une société ouverte, fondée sur la liberté et la responsabilité individuelles. Les partis qui entendraient l’appel des millions de laissés pour compte de la politique actuelle que nous représentons s’assureraient à coup sur leurs voix. »

mardi 16 février 2010

La tartufferie de la votation citoyenne lycéenne

Quand il ne copie-colle pas Wikibéral en travestissant le sens de l’article, Luc Chatel dit parfois des choses sensées. Ainsi, qualifier la "votation citoyenne sur La Poste" de tartuferie était parfaitement adapté, cette dernière n’étant en effet que pure imposture. Rien de différent avec la "votation citoyenne" organisée à partir d’aujourd’hui dans les lycées et relayée largement par les médias alors que rien n’a encore eu lieu. Prompts à relayer la communication d’un mouvement organisé par des syndicats (UNL et Fidl), les jeunesses ouvrières communistes, le mouvement des jeunes communistes, le mouvement des jeunes socialistes et d’autres organisations d’une neutralité légendaire, les médias se gardent bien de parler de la parodie de démocratie que ces votations représentent.

Les mêmes manipulations sont présentes dans ces deux votations. Ainsi, la formulation de la ou des questions posées est toujours claire, sans parti pris, neutre. Enfin, presque...

Il faut donc choisir entre "un lycée qui s’adapte uniquement aux besoins du marché" et "un lycée où c’est toi qui choisi ta filière", "la concurrence entre lycées d’élites et lycées ghettos" et "une carte scolaire qui garantit l’égalité", "des profs à la sauce Sarko, moins nombreux, moins formés" et "les moyens d’obtenir un diplôme qui permet de s’en sortir" (fautes d’orthographes d’origine). Où l’on apprend que la carte scolaire garantit l’égalité alors qu’elle ne fait que ghettoïser, ou que les diplômes actuels permettent de s’en sortir, comme en témoignent les milliers de diplômés sous employés à la sortie de l’université. Miracle de la novlangue.

Sur La Poste, là où le gouvernement avait exclu l’hypothèse de la privatisation, la question était : « le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser, êtes-vous d’accord ? ».

Dans les deux cas, ces votations sont organisées pour prouver quelque chose, avant même que le vote ait lieu. Ainsi d’Antoine Evennou, président de l’UNL (6 000 adhérents revendiqués, combien dans la réalité ? [1]) qui du haut de ses 17 ans nous annonce qu’il va « montrer au gouvernement qu’il a tort dans le domaine de l’éducation » avec cette "votation". Les organisateurs font un vote avec pour but un résultat bien précis, mais vu l’intitulé de leurs questions, prennent-ils un risque en en annonçant le résultat avant même que la parodie de vote ait eu lieu ?

Au final, voter dans une telle parodie de vote ne serait que cautionner la démarche profondément antidémocratique d’une telle votation lycéenne. Le véritable échec d’une telle "votation" se mesurera au faible nombre de votants, et non aux résultats, sachant que, dans tous les cas, c’est à des bourrages d’urnes en masse qu’il faut s’attendre.

Sur la question éducative, Contrepoints propose un entretien avec le philosophe Philippe Nemo.

Article que j'ai publié initialement sur Contrepoints. Et intro reprise de façon peu discrète par le "journaliste" Lionel Decottignies dans L'Humanité... Décidément, Luc Chatel stimule le plagiat, qu'il soit des journalistes ou des grouillots au ministère

mercredi 10 février 2010

Réquisition de logements : Analyse du sondage de l'Humanité

Les français sont majoritairement favorables à la réquisition des logement vacants "car cela permettrait de loger des personnes qui sont actuellement mal logées". Une mesure dangereuse qui ne résoudrait rien.

Selon un sondage du journal communiste L’Humanité, les français sont majoritairement favorables aux réquisitions de logements vacants. 69% des sondés s’y déclarent ainsi favorables « car cela permettrait de loger des personnes qui sont actuellement mal logées ». Il faut dire que la question posée l’était de façon singulièrement orientée : si l’on souhaite améliorer la situation des mal logés, on ne peut qu’être en faveur des expropriations dans ce sondage. Une position qui est à l’exact opposé de la réalité pourtant, comme on le verra dans cet article.

S’il en était besoin, ce sondage montre en outre que la remise en cause du droit de propriété dépasse les clivages politiques : 80% des répondants sont favorables aux réquisitions chez les sympathisants de gauche et 69% au Modem. A l’UMP, les opposants sont majoritaires d’extrême justesse : 50% y sont plutôt opposés et 49% plutôt favorables. Le droit de propriété, pourtant affirmé dans la déclaration des droits de l’homme de 1789, est bien mis à mal en France.

Pourtant, sur ce point comme sur de nombreux autres, sondage ne vaut pas vérité. Ni sur le jugement des français, ni sur la justesse de leur position. En effet, le soutien des français doit beaucoup aux illusions qu’ils se font sur les logements vacants .

Le faux problème des logements vacants

Ainsi, il n’y a jamais eu aussi peu de logements vacants en France qu’aujourd’hui. Comme le notait l’Insee dans un rapport de 2003, c’est « la proportion de logements vacants la plus faible depuis 30 ans ». Depuis, le nombre n’a cessé de baisser même en valeur absolue selon les derniers chiffres de l’Insee pour 2009.

Les raisons pour lesquelles un logement est vacant sont en outre bien éloignées des lieux communs sur les spéculateurs qui attendent une hausse de l’immobilier (Cliquer sur l’image pour agrandir) :

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Pour les logements qui restent vacants sur une longue période, ils se trouvent très majoritairement dans des zones rurales très isolées, comme le montre la carte suivante :

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Le problème n’est donc pas celui des logements vacants, qui ont un niveau plancher quasi impossible à réduire nettement. Le vrai problème, c’est l’offre de logement, qui est réduite en France par des restrictions de toute sorte :
- entraves à la construction : permis de construire, réglementations toujours plus contraignantes et en évolution permanente. Aux États-Unis, la pénurie induite par les permis de construire représente un surcout estimé à 275 milliards $ en 2005 par Ed. Glaeser et J.Gyourko, de Harvard, ou Randall O’Toole, du Thoreau Institute. En France, cela représentait 45 milliards € en 2005, soit le tiers du prix moyen d’un logement.
- Surprotection des locataires, qui détourne l’investissement des propriétaires de l’immobilier : comme le note l’économiste Etienne Wasmer, meilleur jeune économiste de France : « Tout ceci n’est ni de gauche, ni de droite, juste le simple bon sens qui fait comprendre que le goût immodéré de notre pays pour les textes de lois abscons, léonins et semés d’embûches (l’expression " à peine de nullité " est celle qu’on y rencontre le plus souvent) rend la vie pénible à tous les gens de bonne foi, locataires comme propriétaires, et favorise paradoxalement procéduriers et grands propriétaires fonciers, dans une situation en passe de devenir explosive. »

S’opposer aux réquisitions pour améliorer la situation des mal-logés

En outre, on doit être hostile aux réquisitions de logement pour le bien des personnes mal-logées. Les réquisitions ne peuvent que détériorer la situation des mal logés, comme la crise du logement actuelle le montre. En effet, le respect du droit de propriété est la meilleure incitation pour les propriétaires et investisseurs à construire plus. Savoir que l’on peut attendre une stabilité de son placement, que l’on n’a pas à craindre pour son bien.

A l’inverse, réquisitionner des logements dont, on l’a vu plus haut, ils étaient quasi systématiquement vacants pour une bonne raison, c’est dissuader les propriétaires de construire de nouveaux logements, réduire l’offre et donc pénaliser les plus faibles.

A se focaliser sur de faux problèmes, on ne résoud rien, alors que la situation des mal-logés est dramatique et exige des actions radicales, à l’opposé des cache misère employés ces dernières décénnies. Alors qu’un état sur la paille n’a pas les moyens de construire des logements sociaux, il faut libérer de façon massive la construction de nouveaux logements par le secteur privé.

Sur les thématiques liées au logement, on lira avec profil les articles de Vincent Bénard sur son blog, Objectif Liberté.

lundi 8 février 2010

Vincent Valentin présente Franz Oppenheimer au Café Liberté (15 février, Paris)

Vincent Valentin, spécialiste du mouvement libéral et libertarien, maître de conférences en droit à Panthéon-Sorbonne et enseignant à Sciences-Po Paris, viendra parler de Franz Oppenheimer lors du Café Liberté du 15 février 2010. Vincent Valentin prépare avec Alain Laurent une anthologie des textes libéraux, à paraître chez Bouquins.

Franz Oppenheimer (1864-1943) est un sociologue allemand, père d'une théorie de l'Etat qui influença de nombreux libertariens. Parmi les moyens permettant d'atteindre ses fins pour un individu, il distingua de façon fameuse deux moyens opposés : les moyens économiques (le travail , etc.), et les moyens politiques, qui consistent à s'approprier le travail d'autrui par le vol.

Oppenheimer est un auteur pour qui les défauts qui caractérisent l'économie de marché actuelle résultent essentiellement de l'intervention de l'État. Pour Oppenheimer, c'est une erreur de la part des libéraux de légitimer l'ordre social actuel et de vouloir le défendre, puisque l'État, dans sa forme actuelle, consacre des injustices passées, ayant été utilisé pour assoir le pouvoir des puissants sur les faibles. Se plaçant dans une logique opposée à celle de Hegel, il ne voit pas dans l'État un accomplissement majeure de la société mais au contraire la survivance des injustices passées. L'État nait des guerres et des conquêtes passées et est construit par les vainqueurs pour assoir leur domination.

Il est parfois classé comme libertarien de gauche.

Plus de détails : http://www.wikiberal.org/wiki/Franz_Oppenheimer

dimanche 7 février 2010

Twittons gaiement

Hugo Chavez aura au moins réussi une chose en qualifiant Twitter de "menace terroriste", je m'y mets, pour voir. Vous pouvez m'ajouter, même pseudo lisforlexington.

Inflation législative : on n'est pas sortis de l'auberge...

Vu la diffusion de l'article sur l'inflation législative, "Frédéric Lefebvre et Brice Hortefeux" (Agoravox, Toutsaufsarkozy, Parti Libéral démocrate d'Aurélien Véron, Yahoo Actualités, etc.), le sujet intéresse largement. Pour autant, l'identification de solutions est beaucoup plus difficile, et les nouveaux cas fréquents. En témoignent la nouvelle affaire Georges Frêche dans laquelle, on fait une loi pour rectifier une mauvaise loi... Et si on se contentait d'annuler les deux et d'en garder une générale?

P.S : Il va sans dire que je ne suis pas forcément en accord avec les opinions des sites ayant repris mon article, en particulier Toutsaufsarkozy et son antisémitisme qui suinte des jeux de mots de mauvais gout (Hortefeuj).

mercredi 3 février 2010

Quand Frédéric Lefebvre et Brice Hortefeux veulent tout régenter

Brice Hortefeux, Frédéric Lefebvre ou Dominique Paillé dévoilent des trésors d’inventivité pour pousser toujours plus loin les limites de l’intervention de l’Etat dans nos vies.

Après l’affaire de l’agression sauvage de deux septuagénaires à l’arme blanche, la république compassionnelle dénoncée brillamment par Michel Richard [1] frappe encore. C’est Brice Hortefeux, fidèle lieutenant de Nicolas Sarkozy, qui entend « aggraver » les sanctions pénales contre les agresseurs de personnes agées (ainés devrait-on dire dans le nouveau politiquement correct). Et Brice Hortefeux de proposer également des rondes autour des habitations des « ainés » « les plus isolés et inquiets ». Reconnaissance de l’impuissance actuelle d’un Etat qui veut trop faire et fait tout mal et croit envers et contre tout qu’il faut qu’il intervienne plus encore.

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, n’a pas manqué d’aller de son mot de soutien à Brice Hortefeux, se fendant d’un communiqué qui restera célèbre par ce qu’il dit entre les lignes : « A force de réfléchir avant de légiférer comme le suggère Daniel Vaillant, on reste immobile. » Peut-on reconnaître plus explicitemment que l’on agit uniquement sous le coup de l’émotion et non de la réflexion ? Et forcément, quand on cherche à en faire trop et sans réfléchir, on fait mal. Le code pénal prévoit déjà des peines plus lourdes pour qui s’en prend aux personnes agées. L’actuel président de l’Union syndicale des magistrats, Christophe Régnard, déclare ainsi : « Je conseille à Brice Hortefeux d’ouvrir son code pénal, car il existe déjà une aggravation des peines ».

Le président de l’Union syndicale des magistrats d’alors, Bruno Thouzellier, notait avec justesse en 2008 que : « l’inflation législative s’est accélérée depuis huit ans. Le moindre fait divers donne lieu à l’adoption d’une loi nouvelle votée dans la précipitation. » Rien n’a changé depuis, alors que Montaigne écrivait dès le XVIe siècle : « Les lois inutiles affaiblissent les nécessaires »...

Ce sont de telles attitudes des hommes politiques, qui estiment devoir répondre à tous les problèmes, même ceux imaginaires, qui entrainent une inflation législative exponentielle : En France, la longueur moyenne du Journal officiel est ainsi passée de 15 000 pages par an dans les années 1980 à 23 000 pages annuelles ces dernières années, tandis que le Recueil des lois de l’Assemblée nationale passait de 433 pages en 1973 à 2 400 pages en 2003 et 3 721 pages en 2004 [2].

Cette manifestation d’une emprise croissante de l’État sur la vie de chacun est porteuse de très nombreux dangers : en accumulant les lois, on perd l’essence du droit et l’on met en danger les fondements de l’état de droit. Philip K. Howard dans Life without Lawyers (2009) et The Collapse of the Common Good:How America’s Lawsuit Culture Undermines Our Freedom (2001) développe des analyses intéressantes sur ce phénomène : il souligne qu’en imposant des règles et des lois partout, on gèle toute initiative en incitant les individus à ne rien faire plutôt qu’à faire confiance à leur bon sens pour ne pas risquer d’enfreindre une loi.

Souhaitons un peu de modestie de la part des hommes politiques, qui au lieu de chercher à tout régler devrait laisser chacun régler sa propre vie. Gageons que tout le monde s’en porterait mieux, même les politiciens, qui pourraient se consacrer aux vrais des problèmes au lieu de sombrer dans un électoralisme de mauvais aloi.

[1] Michel Richard, La République compassionnelle, Grasset, 2006

[2] Article Wikibéral sur l’inflation législative

Article paru initialement sur le journal en ligne Contrepoints, sous le titre "Frédéric Lefebvre et Brice Hortefeux, chantres de l’inflation législative"