lundi 22 décembre 2008


Maria Vargas : And when I was older, and the bombs still came, just to bury myself in the dirt was not enough to be safe. I needed someone to be with me. Someone to love, to love me, to make me safe. I needed it. I still need it when I'm afraid. Like a baby who needs a light on in the dark, I need to be loved when I'm hiding in the dirt, and afraid

Harry Dawes : But the bombs are gone.

Maria Vargas : You surprise me, Mr Dawes. Is fear gone?

Harry Dawes : What are you afraid of ?

Maria Vargas : The same as everybody else. Of being exposed and unprotected.

mercredi 10 décembre 2008

Libéralisme et morale

La John Templeton Foundation a convié une dizaine d'intellectuels de renoms à s'exprimer sur la question du libéralisme (plus exactement du free market) et de la moralité de ses acteurs (moral character). Le recueil a d'ailleurs été débatu sur Liberaux.org.

J'ai reçu enfin le petit livre qui rassemble ces contributions et de nombreux textes valent la lecture. En particulier celui de Jagdish Bhagwati qui revient sur les effets positifs de la mondialisation pour l'éthique et le progrès social. Un texte à rapprocher de l'article de The Economist, "In praise of the stateless multinational". Les remarques de Gary Becker et Richard Posner valent également la lecture, comme le soulignait Etienne sur liborg.

Ci-dessous, le texte, même si on peut regretter qu'il parle plus de la mondialisation que du libre marché:

De mon expérience personnelle, celui qui essaye à cette époque de parler de libre marché sur les campus universitaires se trouve enseveli sous une avalanche de critiques envers la mondialisation. L'opposition des enseignants et des étudiants à l'expansion des marchés mondiaux dérive pour une large part d'un sens de l'altruisme, qui dérive de leur souci des questions sociales et morales. Pour résumer, ils pensent que la mondialisation n'est pas à visage humain. Je pense le contraire. La mondialisation, je le montrerai, conduit non seulement à la prospérité et à sa diffusion mais aussi à des conséquences éthiques et à une plus grande moralité parmi ses acteurs.

Nombre de ses critiques croient que la mondialisation défait certaines avancées sociales ou éthiques comme la réduction du travail des enfants et de la pauvreté dans les pays pauvres ou la promotion de l'égalité des sexes et la protection de l'environnement dans le monde entier. Cependant, quand j'ai examiné ces questions et d'autres dans mon livre ''En défense de la mondialisation'', j'ai trouvé que les conséquences réelles étaient à l'opposé de ces craintes.

Par exemple, nombreux sont ceux qui croyaient que les paysans réagiraient aux opportunités apportées par la mondialisation en retirant leurs enfants de l'école et en les faisant travailler. L'expansion du libre marché agirait alors comme une force négative. Mais j'ai montré que c'est l'opposé qui était vrai. Il s'est avéré que, dans de nombreux cas, les gains supplémentaires permis par la mondialisation - bénéfices croissants des planteurs de riz au Vietnam par exemple - ont incité les parents à laisser leurs enfants à l'école. Après tout, ils n'avaient plus besoin du maigre revenu supplémentaire que le travail d'un enfant peut rapporter.

Considérons l'égalité des sexes : avec la mondialisation, les industries qui produisent des biens et des services échangés sur le marché mondial doivent faire face à une concurrence internationale avivée. Cette concurrence a réduit le fossé béant qui existait dans de nombreux pays en développements entre les salaires payés, à qualification égale, à un homme et à une femme. Pourquoi. Parce que les entreprises confrontées à une concurrence mondiales réalisent rapidement qu'elles ne peuvent se permettre cette préférence masculine. Obligée s de réduire leurs couts et de fonctionner de manière plus efficace, elles passent de plus en plus d'une main d'œuvre masculine chère à une main d'œuvre féminine bon marché. Ce faisant, elles augmentent le salaire des femmes et réduisent celui des hommes. La mondialisation n'a pas encore produit l'égalité salariale mais elle en a certainement réduit l'importance.

Il y a désormais des preuves nombreuses que la Chine et l'Inde, deux nations avec d'immenses problèmes de pauvreté, ont réussi à croître si rapidement en prenant avantage du commerce et des investissements extérieurs et que, par là, elles ont réduit la pauvreté de façon très importante. La route est encore longue mais la mondialisation a permis d'améliorer les conditions de vie de centaines de millions de leurs habitants. Certains détracteurs ont attaqué l'idée de réduire la pauvreté par la croissance économique, lui reprochant d'être une stratégie conservatrice de trickle-down (NdT: Moins imposer les plus riches en espérant que cela profitera aux plus pauvres). Ils évoquent des images de riches suralimentés et gloutons ou de bourgeois mangeant du gigot quand les serfs et les chiens se contentent des miettes sous la table. En réalité, se concentrer sur la croissance économique est une stratégie activiste qui tire tout le monde vers le haut ("pull-up" strategy).

Même s'ils reconnaissent que la mondialisation permet généralement l'accomplissement de certains objectifs sociaux, certains critiques soutiennent qu'elle corrode la moralité de ses acteurs. Selon eux, l'expansion du libre marché élargit le domaine sur lequel la poursuite du profit règne et cette recherche du profit rend les individus égoïstes et malfaisants. Cela est à peine plausible. Regardons les bourgeois calvinistes décrits par Simon Schama dans son histoire des Pays-Bas. Ils ont construit leur fortune sur le commerce international mais ont cédé à l'altruisme et non à leurs appétits personnels, montrant ce que Schama appela avec justesse des "embarras de la richesse" ("embarassment of riches"). Une telle auto-limitation peut aussi être observé chez les Jaïns du Gujarat, cet état indien dont était originaire le Mahatma Gandhi. Les richesses que les Jaïns tirèrent de leurs activités commerciales ont servi leurs valeurs et non l'inverse.

Quant à l'influence que la mondialisation continue à avoir sur le caractère moral, permettez moi de citer les merveilleux sentiments de John Stuart Mill. Comme il l'écrivit dans ses ''Principes d'économie politique'' (1848):

Les avantages économiques du commerce sont surpassés par ses effets d’ordre moral et intellectuel. Il est difficile d’estimer trop haut, dans l’état actuel, relativement primitif, de la civilisation, l’avantage de mettre des hommes en contact avec des hommes différents qui ont des habitudes de pensée et d’action autres que les leurs … Il n'est aucune nation qui n'ait pas besoin d'emprunter aux autres. Pas uniquement des talents ou des pratiques mais des traits de caractère essentiels dans lesquels son propre type est inférieur. ... On peut dire sans exagération que l'extension immense et rapide du commerce international, en étant la principale garantie de la paix dans le monde, est la première sécurité permanente pour un progrès ininterrompu des idées, des institutions et du caractères de la race humaine.

Dans l'économie mondialisée contemporaine, on voit continuellement des signes du phénomène décrit par Mill. Quand les multinationales japonaises s'étendirent dans les années 1980, les cadres dirigeants masculins emmenèrent avec eux leurs femmes à New York, Londres ou Paris. Quand ces femmes japonaises traditionnelles virent comment les femmes étaient traitées dans les pays occidentaux, elles firent leurs ces idées de droits des femmes et d'égalité. A leur retour au Japon, elles devinrent agents de changement social. De nos jours, la télévision et Internet ont joué un rôle considérable en étendant notre conscience sociale et morale au delà des limites de nos communautés et des états-nations.

Adam Smith écrivit de façon célèbre sur un "homme européen plein d'humanité" qui "ne dormirait pas ce soir" s'il "devait perdre son petit doigt demain" mais "ronflerait avec la plus profonde sérénité" si une centaine de millions de Chinois étaient "soudainement avalés par un tremblement de terre" car "il ne les avait jamais vu". Les chinois ne nous sont plus invisibles, vivant à l'extérieur de la frontière de ce que David Hume appelait les cercles concentriques de notre empathie. Le séisme de l'été dernier en Chine, dont les conséquences tragiques ont été instantanément retransmises sur nos écrans, a rencontré non l'indifférence du reste du monde mais l'empathie et le sens profond d'une obligation morale envers ces victimes chinoises. Cela était le sommet de la mondialisation.
Jagdish Bhagwati, texte original

Community Reinvestment Act

Dans la série raison de la crise actuelle, un article de Wikibéral:

Le Community Reinvestment Act ou CRA est une loi fédérale américaine de 1977, qui oblige les banques à accorder des prêts à l'ensemble de la population et non uniquement à leurs clients les plus solvables. Elle oblige les établissements de crédit « à satisfaire les besoins de crédit de l'ensemble de leur communauté », au mépris des règles prudentielles. Elle a donc concrètement comme effet, voulu, d'obliger les banques à accorder des prêts aux ménages les plus pauvres et très probablement insolvables.

Cette loi était initialement destinée à lutter contre la supposée discrimination raciale et ethnique dans l'accord des prêts bancaires. Le fait d'appartenir à une minorité permettait donc de passer outre les credit scoring qui mesurent la capacité des emprunteurs potentiels à rembourser l'emprunt. Dès lors, cela a conduit les banques à accorder des prêts à des personnes qui ne pourraient jamais les rembourser.

Le nombre de ménages qui se sont vu octroyer ce type de crédit immobilier à hauts risques n'a pas cessé de croître. A cause des dépenses publiques de plus en plus importantes, la Federal Reserve américaine a relevé les taux d'intérêts a de nombreuses reprises, dégradant ainsi le rating des familles, qui se sont donc vu obligés de recourir à ce type de crédit. Cette augmentation du nombre de familles nécessitant ce type de crédits est également une conséquence de la hausse irrationnelle des prix de l'immobilier à cause d'une réglementation excessive de la construction en certains endroits, qui a conduit à sur-évaluer artificiellement la valeur des biens immobiliers.

Sans exonérer les établissements financiers de leur responsabilité dans l'inflation des crédits américains, cette loi en est l'une des principales causes. Outre cet Act, l'État américain a continué à faire enfler de façon exagérée les montants des emprunts, par les organismes quasi publics Freddie Mac et Fannie Mae (des GSE : Government Sponsorized Enterprise. Fannie fut crée par l'administration Roosevelt, destinée à financer l’accès à la propriété des Américains désargentés. Le crédit immobilier irresponsable date de cette époque, il n’a cessé pendant soixante ans de perturber la finance des Etats-Unis, Fannie (et son petit frère Freddie) détiennent actuellement un quart des créances immobilières non recouvrées. C’est le contribuable américain qui paiera.) ou par une politique monétaire laxiste sous l'ère Greenspan. Freddie et Fannie ont été ainsi les principaux promoteurs des crédits subprimes aux États-Unis, prenant des risques exagérés car se sachant protégés par l'État fédéral (aléa moral).

Dénonciation de la loi

De nombreux universitaires ont dénoncé cette loi, pour ses nombreux effets pervers. Ainsi, plusieurs études du Cato Institute ou de la réserve fédérale de Dallas ont souligné l'inutilité de la loi: si les nouveaux bénéficiaires de prêts grâce au CRA étaient solvables, pourquoi les banques auraient-elles refusées de les servir avant?[1],[2]

L'économiste Stanley J. Liebowitz a montré que la CRA nourrissait tout un système népotique, dans lequel les banques accordaient plus d'emprunts aux minorités les plus bruyantes, pour éviter d'être mal notées dans les rapports annuels du CRA[3].

Les critiques sur le rôle du CRA dans l'affaiblissement ont été reprises par de très nombreux auteurs, comme Stanley J. Liebowitz, Ron Paul ou le Wall Street Journal.

Liens externes

mercredi 3 décembre 2008

Réformes à l'italienne

Longtemps farouches tenants de l'exception culturelle qu'était l'incurie de l'administration publique, les italiens semblent avoir laissés ce monopole à la France. Quand Super Sarko croit encore que l'absence de réformes de fond et la dépense irresponsable peut tenir lieu de guide, nos voisins transalpins ont pris les choses en main et mené tambour battant des réformes de fond. Des réformes menées aussi bien par la gauche que par la droite, voire plus par la première d'ailleurs

  • Suppression du statut de fonctionnaire par le ministre de gauche Franco Bassanini. Cela couplé avec l'introduction de la rémunération au mérite, une décentralisation poussée et une simplification administrative. Résultat? Des documents administratifs passés de 38 à 5,6 millions par an, le délai pour ouvrir une activité passée de 3 ans à 3 mois. Un meilleur service du client de l'administration et une gestion plus responsable des salariés de l'Etat, qui passent très largement sous un contrat de droit privé.
  • Renato Brunetta, ministre du gouvernement Berlusconi depuis 2008 en charge de l'administration publique a continué les réformes choc. Rappelant la vocation "sociale" de la réforme de l'Etat (« Les riches peuvent s'offrir des services privés, ce sont les pauvres qui ont besoin d'écoles publiques ou d'hôpitaux efficaces »), il a pris à bras le corps le problème de l'absentéisme structurel dans les administrations; là encore, résultats spectaculaires, en 4 mois, baisse de 37% de l'absentéisme!
  • Enfin, la semaine dernière, une décision symbolique à saluer : un nouveau directeur pour la Réunion des musées nationaux transalpine, qui est, Horreur, un ancien de ... Mac Donald's, bien décidé à aider l'Etat à mieux mettre en valeur son extraordinaire patrimoine culturel. Une décision saluée par le critique d'art le plus célèbre du pays, qui a qualifié le choix de "très positif".
Des décisions dans un pays proche de nous, à la culture pas si éloignée et donc il serait bon de s'inspirer. Mais alors que Nicolas Sarkozy s'enferme dans la non-solution d'un plan de relance, on a du mal qui à gauche serait susceptible de porter cela...

Dans le champ culturel, je salue également la chronique de Guillaume Vuillemey de l'Institut Economique Molinari sur le site du Monde. A découvrir

lundi 1 décembre 2008

Aer Lingus fait fort!

Le poids total des bagages enregistrés doit être inférieur à 20 kg par passager, à l'exception des bébés.


Merde, moi qui voulais transporter mon bébé en soute...