lundi 20 octobre 2008

Prix Wikibéral 2008


L'association Liberaux.org décerne chaque année un prix Wikibéral pour récompenser le livre libéral de l'année. C'est Jacques de Saint-Victor qui l'a reçu cette année pour Les racines de la liberté (Perrin, 2007). Il s"intéresse aux origines du discours de la liberté dans la France de l’ancien régime, entre 1689 et 1788. en traitant tout particulièrement ces antiques “libertés germaines”. Les “libertés germaniques” étaient invoquées par les défenseurs d’une monarchie tempérée par des contre-pouvoirs, en particulier aristocratiques ou parlementaires. Ces défenseurs, comme Monstesquieu, se référaient à la période où les rois étaient encore des nobles parmi les autres, “hissés sur le pavois” lors de leur élection.

L'association vient de sortir un recueil d'articles pour honorer le lauréat. En plus d'une critique de tous les ouvrages sélectionnés, vous retrouverez de nombreux thèmes abordés dans l'ouvrage et qui ont été approfondis ou développés sur un point précis. Il est disponible en ligne à cette adresse. De même, un dossier de presse est en ligne à cette autre adresse. Présentation sur Contrepoints.

Bonne lecture

Contenu :

1ère partie
* Critique de Français n’ayez pas peur du libéralisme, Pascal Salin
* Critique de Mises : The Last Knight of Liberalism, Jörg-Guido Hülsmann
* Critique de Essais de philosophie, de science politique et d’économie, Friedrich Hayek
* Critique de Seuls les extrémistes sont cohérents, Gilles Campagnolo
* Critique des Racines de la liberté
* Critique de L’empire du moindre mal, Jean-Claude Michéa
* Critique de C’est trop tard pour la terre, Cécile Philippe
* Critique de Ma vérité sur la planète, Claude Allègre

2e partie
* Biographie de l’auteur, par Wikibéral
* Républicanisme aristocratique, monarchie absolue et libéralisme, par Jean-Louis Harouel
* Libéralisme économique et absolutisme au XVIIe siècle : L’exemple de Pierre de Boisguilbert, par Fabrice Ribet
* L’histoire contre le droit naturel, par Fabrice Ribet
* Qu’est ce que le droit naturel ?, par Wikibéral
* La Glorieuse révolution d’Angleterre, par Wikibéral
* Fénelon et le clan des ducs, par Wikibéral
* Le duc de Saint-Simon et la polysynodie, par Fabrice Ribet
* François Hotman, un précurseur libéral
* Henri de Boulainvilliers, un « incontournable », par Wikipédia
* Montesquieu, le plus grand penseur libéral du siècle ?, par Wikibéral
* La Fronde et les idées libérales

jeudi 16 octobre 2008

Oh non!


L’Irlande a beaucoup de très bons côtés. Des gens accueillants, un cadre de vie agréable, des paysages superbes. Quand elle se met à copier la France, c’est moins heureux par contre... Petite note culturelle aujourd'hui : L’actualité depuis plusieurs jours, c’est la présentation du budget (prononcer boudgette avec l’accent irlandais).

Même s'ils ont de l'avance en matière de "misère fiscale", les irlandais se mettent en train pour nous rattraper. La France est 1ère mondiale évidemment dans ce classement, on a pas de pétrole mais des législateurs créatifs... Les Irlandais nous copient en augmentant les taxes dans tous les coins avec un budget qu'on peut résumer par un All pain but not gain. Et la surprise du chef, 1% on all incomes, 2% on all incomes over 100,000€ a year. Pas sur que nos hommes politiques nous aient déjà fait le coup... Au moins, les ministres et le Taoiseach ont eu la délicatesse de réduire leurs salaires de 10%, comme Mary McAleese, président du pays. Ca ne change rien à la situation du parti mais ça désarme les critiques sur ces présidents dispendieux qui vivent dans leur bulle bling bling. Et j'ai mal choisi mon moment pour arriver ici apparemment...

Autre point sur lequel les Irlandais entreprenent de nous copier, les grandes campagnes de l'Etat-nounou pour qu'on soit bien sages. Dernier exemple en date, drink sensibly, version locale de notre "à consommer avec modération". Le message n'a pas encore été assez répété et les irlandais gardent heureusement une certaine fraicheur d'esprit là dessus. La dernière fois que j'en ai parlé on m'a répondu par un éloquent Come on, you are in Ireland! Who drinks sensibly?

Dernier exemple, mais beaucoup plus inquiétant, toutes les publicités pour les banques ici disent fièrement que ces dernières sont regulated by the financial regulator. Apparemment ça doit être rassurant, mais moi ça m'inquiète plutôt quand je vois les méfaits de ces fameux régulateurs...

P.S, je délocalise la partie non-perso du blog à une autre adresse.

jeudi 2 octobre 2008

Garantie des dépôts par l'Etat irlandais


Le principal sujet de discussion en Irlande en ce moment est, sans surprise, la situation des entreprises du secteur financier. Le pays a en effet des activités financières très développées, ainsi que des taux d’endettement des ménages élevés. La décision du gouvernement irlandais de garantir tous les dépôts dans les six principales banques du pays pendant deux ans a donc suscité de nombreuses réactions, sauf sur Liberaux.org !

Pour commencer par souligner les quelques points positifs, les banques irlandaises devraient retrouver un accès relativement aisé au marché interbancaire grâce à cette protection qui rassurera les investisseurs. Deuxième point à souligner, tous les intervenants rappellent que c'est de l' "argent des contribuables qu'il s'agit", et non d'une rosée fécondante comme l'exprimait Bastiat. De quoi calmer les vélléités dépensières. Enfin, les banques doivent payer une taxe supplémentaire pour bénéficier de cette protection. Autrement formulé, l'aléa moral tant craint par les libéraux devrait être théoriquement limité.

Las, ces avantages ne tiennent pas longtemps, là où les problèmes posés par cette mesure sont eux sérieux. Pour revenir sur l'aléa moral, on peut douter qu'une taxe supplémentaire, qui s'annonce modeste, compte pour grand chose dans la balance face à une faillite évitée. Et l'on ne peut s'empêcher de tracer un parallèle entre cette "protection" des six banques et un système quasi mafieux. Si l'on considère que l'Etat irlandais ne risque pas de faire faillite, six banques obtiennent ainsi un avantage important dans le contexte actuel. Au lieu d'aller vers les banques les plus sures et les mieux gérées, les liquidités iront vers les mieux "protégées" par un parrain puissant. On est proche de la course à l'abîme protectionniste des années 1930. Et cette course vers le gouffre a été relancée en Europe : L'Allemagne a pris une mesure similaire en garantissant jusqu'à 500 milliards € de dépôts. Peu après, l'Autriche a annoncé vouloir faire de même pour éviter une fuite de son épargne vers l'Allemagne. Et Wilhelm Molterer, ministre des finances de déclarer :
Du point de vue de l'Autriche, cela ne correspond pas à une réelle nécessité, nos banques sont bien positionnées. Mais je proposerai que nous relevions également la garantie des dépôts pour éviter que l'épargne autrichienne ne soit retirée et transférée vers l'Allemagne
Si de telles mesures devaient continuer à être prise, le secteur financier étant jugé vital à l'économie, c'est donc au moins à l'échelon européen qu'elles auraient une raison d'être. La commissaire européenne à la concurrence, Nelly Kroes, a eu raison de demander des éclaircissements, elle aurait surtout du être encore plus sévère. Quant à Nicolas Sarkozy, plus mauvais encore que d'habitude, il s'est gardé de toute critique pour essayer de sauver la signature irlandaise du traité européen...

Mais toutes ces réflexions restent bien éloignées de la réalité, tant qu'on oublie que le roi est nu. En Irlande et plus encore en France. Si les banques irlandaises devaient faire faillite, l'Etat serait bien incapable de les renflouer, alors qu'il garantit des montants égaux à plus de deux fois le PIB du pays... Même le très peu libéral journal Le Monde le reconnaît..

Pour conclure sur une note positive, le pays continue à attirer les entreprises étrangères en tout cas. Dernier venu, Facebook! L’entreprise américaine a choisi d’installer son siège européen à Dublin jeudi dernier (article).

mercredi 1 octobre 2008

Article de Pascal Salin dans les Echos

n article intéressant de Pascal Salin passe aujourd’hui dans les Echos et il est heureusement disponible en ligne. Il traite de la crise financière actuelle et des responsabilités de l’état américain dans sa genèse. On peut regretter qu’il ne parle pas de la situation actuelle et de la démarche préférable, on peut aussi se demander si il n’y a pas la gêne de certains libertariens qui demandent une non intervention totale mais savent qu’elle est impossible.

Sur les symptômes de la crise, le blog de Vincent Bénard, Objectif liberté, vaut également le détour, même si je ne suis pas vraiment sur la même ligne pour le sauvetage des banques.

Enfin, un article de The Economist avec lequel je suis d’accord dans ses grandes lignes et qui explique pourquoi le plan Paulson, pas encore enterré, est une bonne chose.

Morceaux choisis de l’article de Pascal Salin:

La crise financière actuelle est l’occasion pour beaucoup de commentateurs de chanter le refrain habituel sur l’instabilité chronique du capitalisme et sur la nécessité d’un renforcement de la réglementation des marchés que l’on appelle d’ailleurs, de manière erronée, une régulation des marchés financiers. [..] C’est pourtant une leçon toute différente que l’on devrait tirer de la crise actuelle, à savoir que la meilleure régulation passe par le libre fonctionnement des marchés et non par leur réglementation.

Pendant toute la période de bas taux d’intérêt et de crédit facile, le monde a été submergé de liquidités. Afin de profiter de cette magnifique occasion de profits faciles, les établissements financiers ont accordé des crédits à des emprunteurs de moins en moins fiables, comme l’a montré la crise des « subprimes ». Lorsque l’on est revenu à des taux d’intérêt plus normaux, les excès du passé sont apparus au grand jour. C’est l’éclatement de la « bulle financière »

A notre époque, on a cru possible de fonder le développement économique sur le crédit et non pas sur les fonds propres. Par ailleurs, une grande partie du crédit provient d’une création ex nihilo, à savoir la politique monétaire expansionniste, et non d’une épargne volontaire. Simultanément, le dépérissement du capitalisme - résultant lui-même bien souvent de l’interventionnisme étatique - a fait en sorte que les grandes banques ne sont plus dirigées par des capitalistes, propriétaires du capital, mais par des managers qui, ne supportant pas eux-mêmes les risques de l’actionnaire, sont tentés de maximiser les profits à court terme.

Certes, on peut reprocher aux établissements financiers de n’avoir pas été plus prudents. Cela résulte des structures institutionnelles de notre époque que nous avons rappelées. Mais cela reflète aussi le fait que l’information ne peut jamais être parfaite : un système capitaliste n’est pas parfaitement stable, mais il est plus stable qu’un système centralisé et étatique. C’est pourquoi, au lieu de stigmatiser une prétendue instabilité du capitalisme financier, on devrait stigmatiser l’extraordinaire imperfection de la politique monétaire.